Début du procès de l’ancien président soudanais Omar el-Béchir
L’audience a duré une heure et a été levée à 11h20. La prochaine a été fixée au 11 aout.L’audience a débuté par une mise au point du Président du tribunal. « Ce tribunal va écouter chacun d’entre eux et nous allons donner à chacun des 28 accusés la possibilité de se défendre ».
Trois juges seront chargés de mener ce procès inédit dans le monde arabe. Jamais en effet l’auteur d’un putsch réussi n’avait été jugé dans l’histoire récente.
Au-dessus des magistrats, accrochée à une banderole, comme un rappel à l’ordre, figure une sourate du Coran « Si vous jugez les gens faites-le avec justice ».
Le procès dOmar el-Béchir et de 16 co-accusés intervient alors que le gouvernement de transition post-révolutionnaire du Soudan a lancé une série de réformes dans l’espoir de rejoindre pleinement la communauté internationale. Mais d’aucuns s’interrogent sur la temporalité de ce procès. « Le pays connait une situation de grande pauvreté aggravée par la crise sanitaire du Covid-19 et on peut de demander si le gouvernement soudanais n’a pas d’autres priorités à l’heure où il tente de négocier avec les mouvements rebelles des États du Darfour, du Kordofan du Sud et du Nil Bleu. »
Pour l’avocat de la défense, Hachem al-Gali : « Ce procès politique va se dérouler dans un environnement hostile de la part du système judiciaire envers les accusés et nous pourrons le prouver ». Et d’ajouter : » En réalité, ce procès est dirigé contre le mouvement islamique et son seul but est de le présenter comme un mouvement terroriste. »
Sans surprise, la défense dénonce pour sa part « un procès politique qui se cache derrière la loi. Ce procès va se dérouler dans un environnement hostile de la part du système judiciaire envers les accusés et nous pourrons le prouver ». Parallèlement, le juriste met également en avant le bilan politique d’Omar el-Béchir, qui a signé en 2005 un accord de paix avec les rebelles du Sud cautionné par l’ONU, la Ligue arabe, l’Union européenne et l’Union africaine. Enfin, la défense estime que le procès n’a pas lieu d’être car les faits se sont déroulés il y a plus de 10 ans.
Omar el-Béchir et les accusés se trouvent dans des cages et parmi eux figurent des militaires et des civils, parmi lesquels ses anciens vice-présidents Ali Osman Taha et le général Bakri Hassan Saleh. Des mesures de sécurité exceptionnelles ont été prises pour éviter tout incident. Les familles des accusés, venues en nombre, ont crié à l’arrivée des fourgons cellulaires «Allah Akhbar». Cependant, il y aura un grand absent à ce procès, le cerveau du coup, l’islamiste Hassan Tourabi. Ce dernier, qui a longtemps été le mentor de Omar el-Béchir, est mort en 2016.
par: Arab Observer