Décès du chef d’état-major de l’armée algérienne Ahmed Gaïd Salah
Le chef d’état-major de l’armée algérienne, le général Ahmed Gaïd Salah, est mort, lundi, à l’âge de 79 ans. C’est lui qui avait supervisé la période de transition, après la démission de l’ex-président Abdelaziz Boutflika.
Le général Ahmed Gaïd Salah, chef d’état-major de l’armée algérienne, est mort, lundi 23 décembre, à l’âge de 79 ans, a rapporté la chaîne télévisée privée Ennahar, sans autre précision. L’agence de presse officielle APS a quant à elle affirmé, citant un communiqué de la présidence de la République, que le général avait succombé à une crise cardiaque.
S’il avait demandé, en avril dernier, la mise à l’écart d’Abdelaziz Bouteflika, Ahmed Gaïd Salah a longtemps été un fidèle soutien de l’ancien président algérien, qui, en 2004, en avait fait le chef de l’état-major de l’armée, soit l’un des hommes les plus puissants du pays.
Après la démission d’Abdelaziz Bouteflika, sous la pression de la rue, c’est lui qui avait supervisé la période de transition, laquelle a conduit, il y a dix jours, à l’élection d’Abdelmadjid Tebboune à la présidence de la République.
Cette année, alors que les Algériens sortaient massivement dans les rues pour protester contre la candidature d’Abdelaziz Bouteflika à un cinquième mandat, le général Gaïd Salah avait d’abord déclaré l’armée demeurait « la garante » de la stabilité face à ceux « qui veulent ramener » l’Algérie aux années de guerre civile (1992-2002).
Mais alors qu’il avait, lui-même ces derniers mois, soutenu publiquement la candidature de l’ex-président, Ahmed Gaïd Salah avait ensuite adopté un discours plus conciliant, et annoncé que l’armée « partage » avec le peuple « les mêmes valeurs et principes ». Son soutien à l’ex-chef de l’État s’est alors fait de plus en plus mesuré.
Début avril, après la démission d’Abdelaziz Bouteflika, c’est le général Gaïd Salah qui avait chapeauté la période de transition qui a mené à l’élection présidentielle du 12 décembre dernier au cours de laquelle Abdelmadjid Tebboune a été élu.
Élection à l’issue de laquelle les Algériens ont continué à manifester pour réclamer le départ de l’ensemble de l’élite au pouvoir et le retrait de l’armée de la vie publique.
Toutefois, la disparition du général Gaïd Salah, auquel le président Tebboune avait remis la médaille de l’Ordre du mérite la semaine précédent sa mort, ne va pas nécessairement affecter la place centrale qu’occupe l’armée dans le système politique algérien.
En effet, celui qui faisait figure d’homme fort du pays ne manque pas de successeurs potentiels et l’armée n’a montré aucun signe de dissensions internes depuis le début du mouvement de contestation en février.
Né en 1940 dans la région de Batna (à 300 km au sud-est d’Alger), Ahmed Gaïd Salah a rejoint à 17 ans les rangs de l’Armée de libération nationale (ALN), qui combattait alors l’armée coloniale française.
En 1962, à l’indépendance de l’Algérie, il a integré les rangs de l’armée. Après être passé par une académie militaire soviétique, il a gravi les échelons. Au cours de sa carrière militaire, il a commandé plusieurs régions militaires. En 1994, en pleine guerre civile (1992-2002) entre l’armée algérienne et une guérilla islamiste, il est nommé chef d’état-major des Forces terrestres.
Redevable après avoir été choisi pour succéder au général Mohamed Lamari, opposé à un deuxième mandat d’Abdelaziz Bouteflika, Ahmed Gaïd Salah devient un fidèle du chef de l’État, lequel lui donne alors les moyens de mordernier l’armée. En 2013, de retour de Paris où il a passé 80 jours hospitalisé après un AVC, Abdelaziz Bouteflika en fait même son vice-ministre de la Défense.
Le général Ahmed Gaïd Salah aura occupé le poste de chef d’état-major pendant 15 ans.