Le régime turc commence à retirer les immunités de neuf députés du HDP
Le ministère turc de l’Intérieur a déposé des demandes de levée des immunités parlementaires de neuf députés du HDP (Parti démocratique du peuple pro-kurde), y compris le coprésident Pervin Buldan, pour leur rôle présumé dans une série de manifestations de rue en 2014, surnommé le Kobane Incidents, a rapporté vendredi le site d’information Halk TV.
Les députés du HDP Fatma Kurtulan, Garo Paylan, Hüda Kaya, Meral Danış Beştaş, Hakkı Saruhan Oluç, Serpil Kemalbay, Sezai Temelli, Pero Dündar et Pervin Buldan pourraient être jugés si la procédure de levée de leurs immunités est achevée.
Le 30 décembre, le bureau du procureur général d’Ankara a préparé un acte d’accusation contre 108 membres du HDP, dont l’ancien coprésident emprisonné Selahattin Demirtas et les neuf députés.
Pour que les députés soient jugés, le Parlement devrait voter sur les demandes que le ministère de la Justice devrait à son tour accepter et traiter les demandes.
Les suspects ont été inculpés de divers crimes, notamment meurtre au premier degré, tentative de meurtre, vol qualifié, incitation à la violence et atteinte à l’intégrité de l’État.
Entre le 6 et le 8 octobre 2014, au moins 34 personnes ont été tuées lors de manifestations contre Daech de la ville kurde syrienne de Kobane, et avec l’approbation tacite du président turc Recep Tayyip Erdogan, les manifestations se sont étendues à plusieurs provinces de la Turquie.
Les détracteurs de l’enquête judiciaire soulignent que dans les mois qui ont suivi les événements de Kobane en 2014, de hauts responsables du HDP et du parti au pouvoir se sont rencontrés au palais de Dolmabahçe au début de 2015 pour annoncer des protocoles pour les pourparlers kurdes.
Le calvaire juridique de Selahattin Demirtas a commencé le 24 novembre 2016, lorsqu’il a été accusé de liens présumés avec le Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK), un groupe militant interdit qui lutte pour l’autonomie kurde en Turquie depuis 1984.
Le politicien kurde reste derrière les barreaux malgré plusieurs ordonnances judiciaires de libération, tant par les tribunaux turcs que par la Cour européenne des droits de l’homme (CEDH), et encourt une peine pouvant aller jusqu’à 142 ans de prison.
Le 1er février, la plus haute cour européenne a ouvert une nouvelle affaire concernant la deuxième arrestation de Demirtas à la suite des manifestations de Kobane en question, survenue alors que le politicien kurde était déjà en détention provisoire.
Le 22 décembre, la CEDH a appelé la Turquie à libérer immédiatement Demirtas et a déclaré qu’il n’y avait aucune preuve liant les actions de Demirtas aux infractions présumées liées au terrorisme, qui ont été citées comme la base de son maintien en détention.
La CEDH a demandé à la Turquie de fournir des informations supplémentaires sur les conditions d’arrestation de Demirtas, si elle était fondée sur des soupçons et des justifications raisonnables, et si la durée de la détention était raisonnable, selon l’avocat de Demirtas, Ramazan Demir.
par: Arab Observer