des tribunaux pour juger les femmes de l’Etat islamique dans la camp d’Al-Hol en Syrie
Une femme a été tuée lundi et des dizaines interpellées dans le camp d’Al-Hol en Syrie qui accueille des milliers d’étrangères du groupe Etat islamique (EI), a rapporté une source de l’administration semi-autonome kurde, les récits divergeant sur les circonstances du drame.
Les incidents se sont multipliés ces derniers mois dans ce camp de déplacés du nord-est syrien, où s’entassent près de 70.000 personnes dans des conditions difficiles et qui est devenu une poudrière terroriste.
Un périmètre clôturé sépare les étrangères et leurs enfants des autres résidents Syriens et Irakiens.
« Une femme a été tuée et il y a six blessées dans le secteur des femmes étrangères », a indiqué à l’AFP une source de l’administration semi-autonome kurde, qui a requis l’anonymat en raison de la sensibilité du sujet.
« Les forces de sécurité du camp ont procédé à 40 arrestations dans le secteur des étrangères », a rapporté la même source.
Les circonstances du drame restent obscures. Plusieurs sources interrogées on apporté des récits divergents.
Des étrangères de l’EI auraient établi des « tribunaux » pour juger leurs paires, et elles auraient poignardé à mort la victime que les forces de sécurité du camp ont tenté de sauver, selon la source de l’administration kurde.
Dans sa version des faits, une agence locale kurde, Anha, rapporte que des tribunaux ont été établis pour juger les femmes qui « s’éloignent de l’idéologie de l’EI ». Mais l’agence explique qu’avec l’intervention des forces de sécurité, des échanges de tirs ont eu lieu avec les femmes de l’EI, tuant l’une d’entre elles.
Une autre version que l’AFP n’était pas en mesure de vérifier de manière indépendante, fait état d’un conflit entre les familles de l’EI et les forces de sécurité du camp, apparemment venues transférer des enfants âgés de 15 ans vers un autre centre.
« La situation dans le camp d’Al-Hol se détériore gravement », a mis en garde lundi Mustafa Bali, porte-parole des Forces démocratiques syriennes (FDS), qui ont joué un rôle de premier plan dans la lutte contre l’EI.
« Les activistes de l’EI ont intensifié leurs efforts pour se reconstituer par le biais des femmes dans le camp. Cela sera très dangereux dans l’avenir », a-t-il averti sur Twitter.
En mars, les FDS ont proclamé la fin du « califat » de l’EI avec la conquête de Baghouz, dernier réduit des terroristes aux confins orientaux de la Syrie.
Tout au long de leur offensive soutenue par une coalition internationale emmenée par Washington, des dizaines de milliers de personnes, dont des femmes et des enfants de terroristes, ont été évacuées pour être transférées vers Al-Hol.
Au total, quelque 12.000 étrangers –4.000 femmes et 8.000 enfants– se trouvent dans les camps de déplacés du nord-est gérés par les autorités kurdes, qui réclament à leurs gouvernements de les rapatrier.
« La tension reste élevée dans le camp (d’Al-Hol) avec des incidents de sécurité rapportés de manière hebdomadaire », indique un rapport de l’ONU envoyé lundi aux journalistes.