Détroit d’Ormuz: l’UE réservée sur l’opération américaine Sentinel

Plusieurs pays de l’Union européenne ont exprimé jeudi des réserves sur l’opération navale américaine d’escorte dans le détroit d’Ormuz, en raison des risques d’escalade militaire dans la région.

« Nous avons besoin d’assurer la libre navigation (dans la région), mais nous devons être très prudents. Si nous parlons de n’importe quelle opération, nous devons veiller à éviter toute escalade militaire », a averti le chef de la diplomatie lettonne Edgars Rinkēvičs à Helsinki lors d’une réunion informelle avec ses homologues européens et avec les ministres de la Défense de l’UE.

Le ministre américain de la Défense Mark Esper a annoncé mercredi le lancement de l’opération Sentinel avec la participation du Royaume-Uni, de l’Australie et de Bahreïn.

Les Européens ont été sollicités par Washington pour participer à cette opération, mais certains pays refusent.

« Il serait malencontreux de donner le sentiment que nous nous inscrivons dans l’initiative américaine de sanctions maximales », a souligné la ministre française de la Défense Florence Parly.

« Nous devons veiller dans tout ce que nous faisons à ne pas compromettre les efforts diplomatiques que nous menons pour préserver l’accord sur le nucléaire conclu avec l’Iran », a pour sa part expliqué son homologue allemande Annegret Kramp-Karrenbauer.

L’idée d’une présence de moyens européens pour une mission d’observation dans la région a été discutée à Helsinki, mais peu de pays sont prêts à s’engager.

« Nous ne voulons pas être dans un dispositif d’escorte des navires, mais nous voulons assurer une présence dissuasive », a expliqué à l’AFP Mme Parly.

Elle a toutefois souligné que le nombre de pays de l’UE prêts à s’engager se « compte sur les doigts d’une main ».

« Nous allons essayer de passer à la deuxième main » au cours de la réunion d’Helsinki, a-t-elle ajouté. « Mais le dispositif se fera avec les moyens existants dont il faudra tirer le meilleur parti », a-t-elle insisté. La France maintient en permanence une frégate dans la région.

Selon le centre de réflexion allemand DGPA, une telle mission nécessiterait une flottille d’au moins cinq navires, dont un vaisseau de commandement et un porte-hélicoptères, et des moyens de reconnaissance.

Certains pays se sont dits circonspects. « Il est très difficile de dire si une telle mission se fera », a déclaré le chef de la diplomatie finlandaise Pekka Haavisto, hôte de la réunion.

« Il est important qu’une telle proposition soit sur la table », a toutefois assuré le chef de la diplomatie néerlandaise Stef Blok.

« Tout ce qui peut contribuer à la désescalade est désormais utile », a pour sa part affirmé le ministre allemand Heiko Maas.

« Le président Emmanuel Macron recherche la désescalade des tensions dans la région. Or nous sommes loin de l’objectif recherché », a déploré Mme Parly.

Le président français a invité le chef de la diplomatie iranienne Mohammad Javad Zarif en marge de la réunion des dirigeants du G7 à Biarritz le week-end dernier.

« Ce n’est pas parce que le président Donald Trump a laissé le président Macron pousser son initiative avec l’Iran que l’administration américaine a changé de position vis à vis de Téhéran », a estimé Mme Parly.

« Nous avons entendu à Biarritz une plus grande volonté de dialogue des Etats-Unis. Il s’agit à présent de concrétiser cette volonté et de veiller à ce que chacun y contribue, y compris l’Iran », a pour sa part souligné le chef de la diplomatie allemande Heiko Maas.

L’objectif est d’éviter que les décisions prises par les autorités iraniennes de s’affranchir des certains engagements de l’accord sur le nucléaire deviennent irréversibles.

Une délégation iranienne se rendra la semaine prochaine à Paris et une réunion est envisagée prochainement avec les négociateurs européens.

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