Tunisie: Confusion politique et organisationnelle dans les rangs d’Ennahdha

Après les décisions du président tunisien Kais Saied de geler le parlement, une forte conviction prévaut dans la société tunisienne que les Frères musulmans (Ennahdha) vivent dans un état de grande confusion politique et organisationnelle qui menace leur avenir sur la scène politique tunisienne, et ils appellent au dialogue.

Après des mois d’indignation publique face à la mauvaise gestion par le gouvernement de la crise économique et sanitaire que traverse la Tunisie, la décision de Saied a été un coup dur pour Ennahdha. Certains membres du parti ont depuis accusé ses dirigeants de mettre son existence en danger par leur manque de vision politique.

Ennahdha a été affaibli par un « tremblement de terre » qui a approfonadi « les divisions internes entre ceux qui soutiennent Ghannouchi et ceux qui appellent à son départ », a déclaré l’analyste et professeur d’histoire Abdellatif Hannachi.

Certains Tunisiens opposés à Ennahdha ont fait part de leur optimisme quant au fait que les décisions de Saied marqueront la fin du parti, un exemple rare de mouvement politique inspiré des Frères musulmans qui a atteint, et est resté,au pouvoir dans une démocratie.

Le chef du mouvement Ennahdha, Rached Ghannouchi, est revenu sur sa position antérieure à l’égard du président Kais Saied et a annoncé le soutien de son parti au chef de l’Etat, et il assure, être en mesure de faire des sacrifices pour garantir la démocratie en Tunisie, quitte même à abandonner la présidence du mouvement Ennahdha.

« Nous soutiendrons le président Kais Saied et ferons ce qui contribue à son succès, y compris notre volonté de faire des sacrifices afin de préserver la stabilité du pays et la poursuite de la démocratie », a-t-il dit dans une interview à Anadolu.

« Nous attendons la feuille de route du président, et il n’y a pas de solution autre que le dialogue sous sa supervision », a-t-il ajouté.

« Nous avons reçu le message de notre peuple, et le mouvement Ennahdha est ouvert à une révision de ses politiques », a-t-il ajouté.

Il s’attend également à ce que le Parlement interagisse « positivement » avec le gouvernement que le président de la République proposera.

Ennahdha tiendra son congrès avant la fin de l’année 2021 comme cela a été organisé par le conseil de la Choura. Il compte respecter le règlement interne du mouvement qui ne lui permet de se présenter que deux fois à la tête du mouvement.

Ghannouchi a indiqué que ce congrès sera déterminant pour évaluer le passé, tirer les conclusions en vue de s’améliorer pour l’avenir.

Plus tôt, Radwan Masmoudi, dirigeant au mouvement Ennahdha, a annoncé, ce mercredi, sur Facebook sa démission du bureau politique du parti « dans le but de se consacrer à la défense de la démocratie loin des conflits, des règles du parti et des tiraillements politiques ».

Depuis l’annonce fracassante de Saied le 25 juillet, qu’Ennahdha a initialement condamnée comme un coup d’État contre la révolution et la constitution, la rhétorique du parti a radicalement changé.

Jeudi, son conseil de la Choura a admis la nécessité d’une profonde autocritique interne de ses politiques et a déclaré qu’il comprenait la colère populaire croissante, en particulier chez les jeunes, en raison des échecs économiques et sociaux une décennie après la révolution.

L’analyste et professeur d’histoire Abdellatif Hannachi a déclaré qu’Ennahdha plie pour survivre à la tempête, Saied a exclu tout revirement de sa part, Ce qui s’est passé avec le président a montré qu’Ennahdha était dans un état de grande faiblesse, a déclaré l’analyste Mohamed Sahbi Khalfaoui, Contrairement au passé, elle ne tient plus les rênes de la politique de la Tunisie.

par: Arab Observer 

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