Enquête sur le destitution de Trump entrera en public la semaine prochaine
Après plus d’un mois d’auditions à huis clos, l’enquête lancée par les démocrates au Congrès américain dans l’espoir de destituer Donald Trump entrera dans une semaine dans une nouvelle phase, beaucoup plus spectaculaire, avec le début de témoignages publics dans l’affaire ukrainienne.
Ces auditions retransmises à la télévision débuteront le 13 novembre. Elles « seront l’occasion pour les Américains de jauger les témoins par eux-mêmes, de décider de leur crédibilité mais aussi de découvrir les informations de première mains sur les méfaits du président », a déclaré mercredi le chef démocrate de la commission du Renseignement de la Chambre des représentants, Adam Schiff.
L’objectif est maintenant connu : prouver que le président des Etats-Unis a commis un « abus de pouvoir » en conditionnant le dégel d’une aide militaire promise à Kiev à l’ouverture d’enquêtes visant, notamment, le démocrate Joe Biden, bien placé pour affronter le milliardaire républicain dans la course à la Maison Blanche dans un an.
C’est une conversation téléphonique du 25 juillet, au cours de laquelle Donald Trump a demandé à son homologue ukrainien Volodymyr Zelensky de se « pencher » sur le cas de l’ancien vice-président Biden, qui a fait éclater le scandale.
Depuis, l’opposition démocrate dicte le tempo des investigations, menées par la Chambre où elle est majoritaire, pour constituer un dossier d’accusation, ou « impeachment ». Mais le dernier mot sur une destitution reviendra au Sénat, contrôlé par les républicains qui font, pour l’instant, bloc derrière le président.
Les démocrates ont accumulé à huis clos les récits d’une douzaine de responsables — dont les propos ont le plus souvent filtré dans les médias. Ils se sont aussi heurtés au mur de la Maison Blanche, qui refuse de coopérer avec ce qu’elle considère être une « chasse aux sorcières ».
Forts de témoignages qu’ils considèrent comme accablants, les démocrates ont commencé cette semaine à publier les transcriptions intégrales des premières auditions.
Et ont donc rappelé en public, à partir du 13 novembre, les témoins dont les propos risquent de s’avérer les plus embarrassants pour le président américain.
Ces nouvelles auditions débuteront avec William Taylor, chargé d’affaires américain à Kiev.
Le compte rendu de son récit à huis clos livré en octobre a été publié mercredi, et s’avère être un de ceux qui confortent le plus clairement les soupçons d’un chantage de Donald Trump à Volodymyr Zelensky.
Devant les élus américains, William Taylor a en effet confirmé que, selon les récits qui lui avaient été faits d’une réunion organisée le 1er septembre à Varsovie, l’ambassadeur des Etats-Unis auprès de l’Union européenne Gordon Sondland avait franchement expliqué aux Ukrainiens les termes du marché. A savoir que « l’argent pour l’aide sécuritaire ne serait pas débloqué tant que le président Zelensky ne s’engagerait pas à lancer l’enquête sur Burisma », l’entreprise gazière qui avait Hunter Biden, fils de Joe Biden, dans son conseil d’administration.
Confronté à ce témoignage, l’ambassadeur auprès de l’UE, un homme d’affaires qui a financé la campagne Trump en 2016, a lui-même dû « compléter » cette semaine son audition initiale, qui passait cet épisode sous silence, pour reconnaître avoir évoqué cette condition avec les responsables ukrainiens. Mais il n’a pas clairement dit aux élus de la Chambre que l’ordre venait de Donald Trump.
Or, selon William Taylor, Gordon Sondland lui avait explicitement rapporté que c’était le cas. « Il m’a dit que le président Trump lui avait dit qu’il voulait que le président Zelensky annonce publiquement que l’Ukraine enquêterait sur Burisma », a expliqué le chargé d’affaires à Kiev. « Tout était lié à une telle annonce, y compris l’aide sécuritaire. »
Dans la foulée de William Taylor, la Chambre entendra à nouveau, en public, George Kent, haut responsable du département d’Etat spécialiste de l’Ukraine. Puis, le 15 novembre, l’ex-ambassadrice des Etats-Unis à Kiev, Marie Yovanovitch, brusquement relevée de ses fonctions au printemps après avoir fait l’objet d’une campagne hostile menée par Rudy Giuliani, l’avocat personnel de Donald Trump.
Dans le fameux appel du 25 juillet, le président américain avait étrillé cette diplomate respectée en lançant à son homologue ukrainien : « Il va lui arriver des choses. »
La teneur de l’appel avait alarmé plusieurs responsables américains jusqu’à ce qu’un membre des services de renseignement fasse remonter ces inquiétudes sous le statut de « lanceur d’alerte », assuré de protection et d’anonymat.
Depuis, les trumpistes ne cessent de mettre en cause la crédibilité du donneur d’alerte.
Donald Trump junior, le fils du président, a franchi un nouveau cap mercredi en publiant sur Twitter le nom d’un employé de la CIA présenté comme étant cet agent par qui le scandale est arrivé.