Facebook ferme la page de l’opposant palestinien critiquant la corruption dans l’AP
Fadi Esalameen, 35 ans, a embauché un avocat pour restaurer sa page sur facebook suivie par un million d’abonnés ; un officiel du Fatah dénonce les mensonges qui seraient publiés dessus
Un militant palestinien connu, critique de l’Autorité palestinienne (AP) et de son président Mahmoud Abbas, a fait savoir que Facebook avait fermé sa page qui regroupait environ 998 000 abonnés.
Fadi Elsalameen a annoncé lundi que le géant des réseaux sociaux avait clôturé son compte fin septembre, sans par ailleurs l’en informer directement.
Ce militant de 35 ans originaire d’as-Samu, un village situé au sud de Hébron, vit actuellement à Washington. Il a été accusé dans le passé d’être d’un proche du rival d’Abbas et membre du Fatah en exil Mohammed Dahlane, ce qu’il a ferment nié.
« La page critiquait la corruption au sein de l’Autorité palestinienne et les violations faites à la libre expression des Palestiniens », a déclaré Elsalameen au Times of Israel lors d’un entretien téléphonique.
« La page posait aussi des questions critiques : pourquoi n’avons-nous pas eu droit à des élections présidentielles en 15 ans ? Pourquoi les jeunes, hommes et femmes, n’ont pas un plus grand rôle en politique ? », a-t-il expliqué.
Un responsable du Fatah, qui s’est exprimé sous couvert d’anonymat, a clamé que la page avait constamment fait état de mensonges à l’encontre des officiels palestiniens.
« Il a relayé de nombreuses allégations fausses sur sa page, qui font du mal à beaucoup de gens », a-t-il dit. « Je suis également certain que ce n’est pas lui qui s’occupe de sa page. Je sais que d’autres personnes l’utilisent pour atteindre leurs objectifs ».
Plusieurs autres responsables du Fatah et de l’Autorité palestinienne ont refusé de commenter cette information.
Un porte-parole de Facebook a indiqué que la firme se penchait sur ce qui était arrivé à la page.
Fadi Elsalameen a nié que ses publications contreviennent aux règles du réseau social.
Ce dernier établit une liste de raisons pour lesquelles il est amené à supprimer ou à limiter les pages de ses utilisateurs. Parmi ces raisons, la promotion de discours de haine, le partage de publicités indésirables et la publication de contenus trompeurs.
Il a ajouté qu’avant la fermeture de sa page par Facebook, trois de ses publications avaient été supprimées avant de réapparaître.
« C’était très bizarre. Par exemple, l’une des publications portait sur un article de Sky News consacré à l’arrestation, par les autorités saoudiennes, d’un homme qui battait son enfant », a-t-il expliqué. « J’ai fait appel de la suppression de ces publications, Facebook les a remis sur ma page et m’a présenté des excuses ».
Il a noté que le géant des réseaux sociaux avait ultérieurement bloqué sa page pendant 30 jours avant de la fermer définitivement le 30 septembre.
« Votre page a été fermée. Vous avez fait appel de cette décision le lundi 30 septembre 2019 à 8 heures 12 ».
Un enseignant de Hébron a indiqué que la page d’Elsalemeen était largement suivie par un grand nombre d’habitants de Cisjordanie.
« Presque tous ceux ici qui vont sur Facebook la connaissent », assure le professeur de 35 ans qui s’exprimait sous couvert d’anonymat.
Elsalameen a aussi indiqué qu’il avait fait appel aux services d’un avocat, aux Etats-Unis, pour tenter de récupérer sa page et qu’il s’est tourné vers Katie Harbath, une responsable de Facebook basée à Washington, à ce sujet, mais n’a pas reçu de réponse de sa part pour le moment.