La crise politique s’intensifie entre le président somalien et son premier ministre
La crise politique s’intensifie en Somalie, après que le président Mohamed Farmajo a annoncé dans la nuit de dimanche à lundi 27 décembre la suspension du Premier ministre Mohamed Hussein Roble, suite à des allégations de « corruption ».
Farmajo a d’abord retiré samedi à son Premier ministre la charge d’organiser les élections attendues depuis le début de l’année, puis l’a « suspendu » lundi en l’accusant d’être impliqué dans une affaire de corruption.
Quelques heures après avoir été suspendu de ses fonctions par le chef de l’État lundi, le Premier ministre Mohamed Hussein Roble a gagné ses bureaux, encadré de membres de son cabinet, du chef de l’armée et de militaires, tandis que des combattants fidèles se montraient en ville sur leurs pick-up.
Roble a répliqué lundi en accusant le président de chercher à commettre « un coup d’Etat contre le gouvernement, la constitution et les lois du pays ».
« Comme le président a apparemment décidé de détruire les institutions gouvernementales (…) j’ordonne à toutes les forces nationales somaliennes de travailler sous le commandement du bureau du Premier ministre à partir d’aujourd’hui », a déclaré Roble lors d’une conférence de presse lundi à la primature.
Il s’est adressé à ses compatriotes pour dénoncer une « tentative de renversement du gouvernement, les élections, oui, un coup d’État, non a-t-il martelé, qualifiant Mohamed Farmajo de danger pour la stabilité du pays et demandant aux chefs des forces de sécurité de prendre leurs ordres auprès de lui, et non du président.
Les observateurs politiques disent que l’escalade du président somalien contre le Premier ministre, et sa quête pour organiser des élections selon ses conditions, s’inscrivent dans l’agenda turc, qui pousse vers des élections somaliennes qui produiront un leadership fidèle au régime turc et capable de protéger intérêts turcs.
Les observateurs ont souligné que le principal point de discorde pour Farmajo est lié à l’adhésion du Premier ministre à la supervision des divers détails de la préparation des élections, ce qui menace les plans du président de poursuivre un nouveau mandat présidentiel et d’élire un parlement qui lui est fidèle, et menace les chances d’un soutien turc continu pour lui s’il n’est pas en mesure d’orienter les élections vers ce que veut Ankara.
L’expert des affaires africaines, Hamdi Abdel Rahman, a ajouté que « l’élément critique de l’équation est que Farmajo est clairement soutenu par la Turquie après qu’Ankara a jeté son poids militaire derrière lui, ce qui renforce sa confiance qu’il est capable de défier son adversaire et de travailler pour rater l’occasion de tenir des élections qui pourraient l’éloigner au pouvoir.
Dans un communiqué, les partenaires de la Somalie, soit une vingtaine de pays et organisations internationales, ont fait part de leur inquiétude et exigé de la retenue aux dirigeants somaliens, les enjoignant à éviter les provocations ou l’usage de la force, et demandant une fois de plus l’avancée du cycle électoral dans le pays.
De son côté, la diplomatie américaine a haussé le ton: la tentative de suspendre Mohamed Hussein Roble est alarmante a twitté le bureau des Affaires africaines du département d’État, les États-Unis sont prêts à agir contre ceux qui obstruent le chemin de la Somalie vers la paix.
par: Arab Observer