France en 26e jour de mobilisation contre la réforme des retraites
Des transports toujours perturbés, en particulier en Île-de-France malgré un léger mieux, la France vit lundi son 26e jour de mobilisation contre la réforme des retraites, à la veille du réveillon de la Saint-Sylvestre et des voeux d’Emmanuel Macron, attendus sans illusion par les grévistes.
La parole du président de la République sera scrutée de près mardi soir, alors que le conflit contre le projet de « système universel » de retraite par points est déjà plus long que celui de 1995.
Il devrait réaffirmer « l’ambition forte du gouvernement » et la sienne pour ce « projet de progrès social qui corrige de nombreuses inégalités », a affirmé lundi l’Elysée.
Il devrait aussi se « redire ouvert au dialogue et rappeler le sens et la portée générale de la réforme », mais il « n’est pas prévu à ce stade qu’il entre dans le détail de la réforme », a-t-on indiqué de même source.
Quasi muet sur les retraites depuis des semaines, le chef de l’Etat s’était contenté d’un appel à la trêve pour Noël avant de se retirer au fort de Brégançon.
« Je pense qu’il est grand temps d’appuyer sur le bouton stop » et de retirer cette réforme, a redit lundi le secrétaire général de Force ouvrière, Yves Veyrier, pour qui « le projet se délite, à l’évidence ».
« Le gouvernement est obligé de colmater les brèches », a-t-il relevé, évoquant les concessions faites à de nombreux corps de métier, comme les pilotes de ligne, les pompiers, les policiers…
Ces vœux présidentiels, « pour nous, c’est un non-événement », a réagi auprès de l’AFP Fabien Dumas, secrétaire fédéral de SUD-Rail. « Ce sera sans doute un discours pour ramener un peu de cohésion. Mais compte tenu du calendrier de négociations du 7 au 22 janvier, je n’attends pas d’annonces », a-t-il poursuivi.
De son côté, la ministre de la Transition écologique Elisabeth Borne a appelé les agents de la RATP et de la SNCF à « prendre connaissance des avancées » déjà consenties, mettant en avant « des garanties fortes ».
Elle a aussi appelé à « un peu de sérénité » après que le ton est monté entre l’exécutif et les opposants les plus déterminés à la réforme.
Le secrétaire d’État aux Transports, Jean-Baptiste Djebbari, avait reproché dimanche à la CGT de pratiquer un syndicalisme « de blocage » voire « d’intimidation » quand le numéro un de la centrale, Philippe Martinez, accusait le gouvernement d’organiser « le bordel » et de jouer « le pourrissement » du conflit.
En l’absence de sortie de crise, la seconde semaine des vacances scolaires a commencé lundi par un 26e jour consécutif de grève à la SNCF et à la RATP.
Il fallait compter sur seulement un TGV sur deux, un Transilien sur quatre et trois circulations de TER (souvent assurées par des cars) sur dix, même si le taux de grévistes à la SNCF est tombé à 7,1%, nouveau plus bas niveau depuis le début du mouvement le 5 décembre. Le trafic sera toujours perturbé mardi, avec la moitié des TGV et des TER en circulation, selon la direction.
Côté RATP, une nette amélioration a été constatée, avec 14 lignes de métro fonctionnant normalement (lignes 1 et 14) ou partiellement, et des RER A et B circulant de 06H30 à 19H30. Mais pendant la nuit de la Saint-Sylvestre, seules les lignes automatiques 1 et 14 circuleront jusqu’à 02H15 du matin.
À la gare Saint-Lazare à Paris, les usagers se partageaient entre soutien au mouvement et lassitude face à un conflit dont personne ne voit l’issue.
« Ça commence à être fatigant, on est fatigués, en même temps on soutient le mouvement, voilà », expliquait à l’AFPTV Julie, qui travaille dans l’immobilier.
Les opposants à la réforme ont par ailleurs mené plusieurs opérations de blocage.
Au moins deux dépôts de bus parisiens ont dû être débloqués par les forces de l’ordre. À Brest, des manifestants ont temporairement empêché le départ de « cars Macron » utilisés, selon FO, pour « casser la grève ».
Dans le Calvados, des grévistes ont occupé plusieurs voies de chemin de fer avant d’être délogés par la police.
En outre, des blocages de bâtiments ou d’accès aux ports de Lorient, Le Havre, Rouen, Bassens (au nord de Bordeaux) ou encore Bayonne ont eu lieu dans le cadre d’une journée nationale « ports morts » de la CGT Ports et Docks.
À l’Opéra de Paris, où une cinquantaine de représentations ont déjà été annulées, les grévistes ne lèvent pas le pied, malgré la « clause du grand-père » accordée aux danseurs (seules les recrues à partir de 2022 seront concernées par le nouveau système). Des musiciens de l’orchestre maison ont prévu de donner un concert gratuit mardi après-midi devant l’Opéra Bastille.
Même détermination du côté des avocats, appelés par le Conseil national des barreaux à une « grève dure » à partir du 6 janvier.