Le général Oligui Nguema Brice a été désigné président de la transition
Le commandant en chef de la Garde républicaine, l’unité d’élite de l’armée du Gabon, le général Oligui Nguema Brice, a été nommé « président de la transition » par les militaires putschistes dans un communiqué lu à l’antenne de la télévision Gabon 24.
“Le général Oligui Nguema Brice a été désigné à l’unanimité président du Comité pour la Transition et la Restauration des Institutions, président de la transition”, a déclaré un officier en présence de dizaines d’officiers supérieurs et généraux, qui représentent tous les corps de l’armée gabonaise, selon le communiqué.
La durée de la transition des militaires au pouvoir n’a pas été précisée.
Cette scène de liesse au beau milieu des redoutables bérets verts, donne à voir la popularité de ce militaire chevronné, qui a vite gagné ses galons en tant qu’aide de camp de l’ancien président du Gabon, Omar Bongo Ondimba, père d’Ali Bongo, qui avait dirigé le pays pendant près de 41 ans jusqu’en 2009.
Ce chef respecté et charismatique de la Garde républicaine (GR), selon ses proches, était à la tête de la plus puissante unité de l’armée depuis 2019.
Cet homme de 48 ans à la carrure athlétique et au crâne chauve, que l’on dit aussi discret que secret, n’est pas apparu dans les trois premiers communiqués qu’il a laissés lire par des colonels et lieutenants-colonels à l’antenne de la télévision d’Etat. Y compris celui qui l’intronise président de transition, à la tête du « Comité pour la transition et la restauration des institutions » (CTRI).
Réputé francophile, il était très proche de l’ancien chef d’Etat qu’il a suivi comme son ombre de 2005 à 2009, et jusqu’au dernier souffle de celui qui fut considéré comme l’un des piliers de la Françafrique, dans un hôpital de Barcelone, raconte à l’AFP une ancienne proche collaboratrice au cabinet du « patriarche ».
Ecarté en 2009 après l’élection d’Ali Bongo à la mort de son père, il entame ce que certains qualifient de traversée du désert de 10 ans, en tant qu’attaché militaire des ambassades du Gabon au Maroc et au Sénégal.
« C’est quelqu’un qui connaît très bien l’appareil militaire gabonais, c’est un bon soldat, formé dans les bonnes écoles militaires », celle de l’académie royale militaire de Meknès au Maroc, confie un membre du Parti démocratique gabonais (PDG) de M. Bongo, sous couvert de l’anonymat.
Fang par son père, l’ethnie majoritaire au Gabon, cet homme du sérail a principalement grandi avec sa mère dans la province du Haut-Ogooué, le fief du clan Bongo.
Revenu sur le devant de la scène, colonel à la tête des renseignements de la GR en octobre 2018 en remplacement de Frédéric Bongo, demi-frère d’Ali, il sera propulsé seulement six mois après général et à la tête du commandement de cette garde prétorienne de la présidence, s’imposant comme la clé de voute du dispositif sécuritaire du pays.
A la tête de ce régiment d’élite, il avait notamment poussé M. Bongo à améliorer les conditions de vie et de travail de ses hommes: réfection et modernisation des infrastructures, financement d’écoles destinées aux enfants de militaires, restauration de certains logements… Des mesures qui ont permis à ce « meneur d’hommes » de s’attirer sympathie et respect des siens.
« Il est très taciturne, pas bavard, mais très apprécié de ses hommes. C’est un Jules César, et Jules César veille au confort de ses légionnaires », assure le même membre du PDG.
L’ancienne proche collaboratrice loue « un homme de consensus, qui ne hausse jamais le ton, qui écoute tout le monde et cherche systématiquement le compromis »: il l’a encore prouvé mercredi en unissant des officiers de tous les corps d’armée au sein du CTRI pour un coup d’Etat, sans effusion de sang rapportée.
Mais après avoir « mis à la retraite » Ali Bongo, selon l’expression de M. Oligui, il n’a pas encore fixé de durée pour une transition avant le retour des civils au pouvoir, laissant planer le doute sur ses intentions.