Haftar à Moscou pour discuter de l’initiative russe de cessez-le-feu
Au lendemain de l’entrée en vigueur du cessez-le-feu décrété à l’initiative de la Russie et de la Turquie, l’homme fort de l’est libyen, le maréchal Khalifa Haftar, et son rival de Tripoli, Fayez el-Sarraj, sont arrivés à Moscou pour les négociations.
Le chef du gouvernement d’union nationale libyen (GNA) basé à Tripoli, Fayez el-Sarraj, et le maréchal Khalifa Haftar, chef de l’Armée nationale libyenne, sont arrivés ce lundi 13 janvier à Moscou pour participer aux négociations sur leur trêve, a indiqué le ministère russe des Affaires étrangères.
Un cessez-le-feu à l’initiative de la Russie et de la Turquie est entré en vigueur dimanche 12 janvier en Libye après plus de neuf mois de combats meurtriers aux portes de la capitale Tripoli.
Le maréchal Haftar et Fayez el-Sarraj ont confirmé leur attachement à la cessation des hostilités.
Il a par la suite annoncé que Fayez el-Sarraj et le général Haftar étaient arrivé à Moscou dans la matinée.
Le chef du groupe de contact russe sur la Libye, Lev Dengov a plus tôt dit ne pas savoir si les deux rivaux se rencontreraient directement
Depuis décembre 2015, les deux organisations rivales se disputent la tête de la Libye. Les deux camps semblent avoir cédé aux pressions, face aux craintes d’une internationalisation accrue de ce conflit sur la rive sud de la Méditerranée, notamment après l’appui militaire turc au GNA et le soutien de la Russie, de l’Egypte et des Emirats arabes unis aux proHaftar.
Le chef du GNA, reconnu par l’ONU, Fayez al-Sarraj, a ainsi appelé lundi à la télévision les Libyens à « tourner la page du passé », à « rejeter la discorde et (à) resserrer les rangs pour se lancer vers la stabilité et la paix ». Selon Khaled al-Mechri, le président du Conseil d’Etat (l’équivalent d’un Sénat) basé à Tripoli et proche de M. Sarraj, la signature de l’accord à Moscou ouvrira la voie à la relance du processus politique.
Le chef du groupe de contact russe sur la Libye, Lev Dengov, a indiqué que les deux rivaux devront déterminer à Moscou « les modalités du règlement futur en Libye, y compris la possibilité de signer un accord sur le cessez-le-feu et ses détails ». M. Dengov a toutefois dit ne pas savoir si les deux hommes accepteront de se rencontrer directement.
L’homme fort de l’est libyen, le maréchal Khalifa Haftar, qui tente depuis avril 2019 sans succès de s’emparer de Tripoli, sera accompagné de son allié Aguila Salah, président du Parlement libyen basé dans l’Est. Son rival Fayez al-Sarraj du GNA est pour sa part attendu aux côtés de Khaled al-Mechri, le président du Conseil d’Etat.
Des représentants des Emirats Arabes Unis et de l’Egypte seront probablement présents en tant qu’observateurs aux pourparlers », a précisé M. Dengov, cité par les agences de presse russes. L’Europe redoute que la Libye ne devienne une « seconde Syrie ». La pacification du conflit est également essentielle pour réduire la pression migratoire, le Vieux continent ayant accueilli ces dernières années des centaines de milliers de migrants venus de Libye et de Syrie.
Aucune information n’a en revanche circulé sur la présence ou non de la France, dont le rôle est difficilement lisible dans ce dossier. Le Quai d’Orsay est notamment accusé d’avoir un plan « caché » en soutien au maréchal Haftar. Ce lundi matin, Emmanuel Macron a appelé à un cessez-le-feu « crédible, durable et vérifiable ».
Cette cessation précaire des hostilités intervient alors que les forces pro-Haftar ont lancé en avril 2019 une offensive pour s’emparer de la capitale Tripoli (ouest), siège du GNA. Ankara a déployé des militaires en janvier pour soutenir le gouvernement reconnu (GNA) de Fayez al-Sarraj, tandis que la Russie, malgré ses dénégations, est fortement soupçonnée de soutenir les troupes rivales du maréchal Haftar via des livraisons d’armes et des arrivées de mercenaires.