Le Hamas est sorti plus fort après sa confrontation avec Israël

Abbas est marginalisé et inaudible

Le Hamas sort renforcé d’un conflit dans lequel il s’est invité, dans la mesure où il a réussi à s’arroger un rôle dans une séquence qui s’est ouverte sur la montée des tensions sur l’esplanade des Mosquées et plus largement à Jérusalem-Est, dont il était exclu à l’origine.

Beligh Nabli, chercheur associé au Centre de recherches internationales (Ceri) dit: « En faisant basculer la confrontation avec Israël dans un volet plus militaire », poursuit-il, « le Hamas a cherché à se présenter comme un instrument de défense face à l’armée israélienne et à jouer le porte-voix des intérêts palestiniens dans un moment caractérisé par un vide d’incarnation de l’unité palestinienne ».

« Durant ce conflit, le Hamas a affiché une capacité dont ne dispose pas l’Autorité palestinienne, d’autant plus que celle-ci a écarté depuis les accords d’Oslo (en 1993) tout recours à la violence dans ses rapports avec Israël, note Beligh Nabli. Alors que le président Mahmoud Abbas pâtit d’une délégitimation en raison de l’expiration depuis plusieurs années de son mandat, et de sa décision de reporter les élections, le mouvement islamiste a réussi d’une certaine manière un coup politique en ressortant de cette confrontation comme un défenseur des intérêts palestiniens. »

Le mouvement islamiste a rappelé aux Palestiniens qu’il est le seul mouvement à faire face, à sa manière, aux Israéliens, alors que le Fatah du président de l’Autorité palestinienne Mahmoud Abbas, au pouvoir en Cisjordanie, est marginalisé et inaudible tant sur la scène nationale qu’internationale.

Affaibli par une fronde dans son propre camp, Mahmoud Abbas avait annoncé, fin avril, le report des premières élections en quinze ans dans les Territoires palestiniens, pourtant prévue dans le cadre d’un projet de « réconciliation » avec les islamistes du Hamas.

Au-delà des calculs politiques, le Hamas, qui figure sur la liste des organisations terroristes de l’UE, s’est replacé sur l’échiquier proche-oriental pour apparaître comme un acteur incontournable du conflit israélo-palestinien.

« Régulièrement, depuis plusieurs années, des opérations israéliennes contre Gaza visent à faire disparaître les capacités militaires du Hamas et du Jihad islamique, explique Agnès Levallois, vice-présidente de l’Institut de recherche et d’études Méditerranée Moyen-Orient (Iremmo). Or, à chaque fois, ces mouvements arrivent à se relancer. » Et donc à continuer à peser à la fois sur l’équation interpalestinienne et sur la question israélo-palestinienne.

« Les Israéliens ont été pris de court par le Hamas, qui était à l’initiative lors de ce conflit en tirant les premières roquettes sur l’État hébreu, et par la puissance de feu proposée depuis la bande de Gaza, grâce à un arsenal patiemment reconstitué après la guerre de 2014, développe Gallagher Fenwick. Une puissance de feu qui lui a permis de saturer par moment le système de défense ultrasophistiqué des Israéliens, avec comme pilier central le Dôme de fer ».

Jusqu’au dernier jour du conflit, le Hamas est parvenu à tirer des roquettes en direction d’Israël, en dépit de la pression des bombardements israéliens et une surveillance constante de l’enclave palestinienne. Il a aussi prouvé sa capacité à constituer un arsenal sans précédent, malgré le blocus imposé par Israël.

Le Hamas a surtout démontré que dans ce genre de conflit asymétrique, malgré la supériorité aérienne, militaire et technologique de l’armée israélienne, aucune victoire n’est possible pour Israël sans incursion terrestre.

« Évidemment, les dommages causés par les bombardements israéliens sont énormes et il faudra du temps au Hamas pour reconstituer son arsenal et ses forces, mais il n’en reste pas moins qu’un certain nombre de responsables du mouvement sont toujours là, alors qu’il y a eu de nombreux assassinats ciblés contre ses dirigeants, souligne Agnès Levallois. Cela prouve que Benjamin Netanyahu ne peut pas faire complétement disparaître tous ses membres et toutes ses infrastructures. »

par: Arab Observer

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