Hassan Diab: Certaines parties cherchent la sédition entre l’armée et le peuple

Le Premier ministre libanais, Hassan Diab, qui présidait mercredi un Conseil des ministres au Grand Sérail, a affirmé que certaines parties, qu’il n’a pas nommé, cherchaient la sédition entre l’armée et le peuple, alors que depuis trois jours, le pays est secoué par des manifestations qui ont dégénéré en affrontements avec l’armée et actes de vandalisme, faisant un mort et des dizaines de blessés dans les deux camps.

« Le soulèvement contre la corruption et les corrompus qui ont mené le pays à l’effondrement est naturel, mais les émeutes qui ont eu lieu, et les tentatives d’opposer les gens à l’armée, sont les indicateurs d’un plan sournois », a estimé le Premier ministre, selon une copie de son discours publiée par son bureau de presse. « Il est normal que les Libanais qui ont découvert les politiques financières des gouvernements précédents descendent dans la rue, mais ce qui est anormal, c’est qu’une ou plusieurs parties essaient de surfer sur cette vague et de détourner les mouvements populaires pour incendier le pays ».

Le calme semblait revenu mercredi dans les rues du Liban, après une longue nuit de manifestations virant aux émeutes dans plusieurs grandes villes du pays, comme Tripoli et Saïda et ayant fait, selon l’armée, 81 blessés dans ses rangs en 24h. Les protestataires et les forces de l’ordre se sont affrontées dans ces villes alors que la rue se mobilise depuis plusieurs jours, malgré la pandémie de coronavirus, pour exprimer son désespoir et sa colère face à la dégradation de la situation socioéconomique, l’inflation et la dévaluation galopante de la livre libanaise.

« Ce qui se passe n’est pas innocent, il y a une destruction programmée des institutions. Certains cherchent la sédition entre l’armée et le peuple. Certains volent la voix des gens honnêtes. Certains brûlent et détruisent intentionnellement les rues. Certains veulent le chaos car ce chaos les protège », a en outre accusé Hassan Diab, sans toutefois préciser qui il vise par ses accusations.

« Nous avons des rapports complets sur les parties qui incitent aux émeutes. Les services de sécurité ont des noms de toutes les personnes qui brûlent des établissements et détruisent des propriétés publiques et privées, et ces personnes seront traduites en justice », a prévenu le chef du gouvernement. « Si ces parties continuent à inciter (à la violence, ndlr), nous dirons les choses par leur nom », a menacé M. Diab.

Le Premier ministre a dans ce cadre salué la réaction « sage » et la « maîtrise de soi » dont la troupe, les forces et les services de sécurité font preuve face aux violences, les invitant à poursuivre sur cette voie. « Au final, ces gens (les manifestants, ndlr) sont nos familles et nos enfants », a rappelé le Premier ministre.

Il a ensuite reconnu que « la crise est complexe, c’est vrai, et la situation socioéconomique est très difficile » pour les Libanais, indiquant que son cabinet « fait de grands efforts pour apaiser » cette crise, notamment en distribuant des aides aux familles dans le besoin. M. Diab a d’ailleurs annoncé que davantage de familles allaient pouvoir bénéficier de ce soutien, en référence aux aides sociales que l’Etat distribue aux Libanais les plus démunis, depuis deux semaines, et qui consiste en une enveloppe de 400.000 livres libanaises par foyer. « Nous savons que ces aides ne sont pas suffisantes, mais nous faisons tout ce que nous pouvons », a-t-il ajouté, annonçant encore « plusieurs mesures qui seront prises rapidement », sans plus de précisions.

« Actuellement, nous tenons à traiter les crises financières et sociales, mais ce qui se passe (les émeutes, ndlr) accentue les souffrances des gens », a estimé Hassan Diab. « Certains souhaitent affamer encore plus la population. Mais je suis confiant que les Libanais sont conscients de ce qu’il se passe. Je leur demande d’être patients et de nous aider afin que nous puissions aider nos proches qui n’ont plus d’emploi et qui ont besoin de soutien. Nous traversons des jours difficiles, mais nous parions aujourd’hui sur l’éveil (de la population) afin de pouvoir surpasser ces difficultés », a conclu le Premier ministre.

La révolte populaire au Liban, déclenchée le 17 octobre 2019, connaît un second souffle, après avoir été mise en veille dans le cadre du la lutte contre le coronavirus, qui imposait de minimiser les sorties dans la rue. Dans un contexte de crise économique qui s’aggrave, et de chute du pouvoir d’achat de la population à cause notamment de la dépréciation galopante de la valeur de la livre libanaise, de nombreux Libanais redescendent dans les rues pour protester contre des conditions de vie insoutenables. Mais les manifestations pacifiques dégénèrent en violents affrontements depuis trois jours. Mardi, Hassan Diab avait déjà appelé les contestataires à « barrer la route à ceux qui tentent de kidnapper leur révolution ».

par: Arab Observer

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