Hichem Mechichi limoge Imed Boukhris de l’inclucc
Le Premier ministre Hichem Mechichi a décidé de limoger Imed Boukhris, le président de de la Commission anti-corruption (l’inclucc) et de nommer Imed bin Taleb pour lui succéder, ce qu’a annoncé, lundi 7 juin 2021, la présidence du gouvernement dans un communiqué.
Imed Ben Taleb Ali est un juge de troisième rang, qui a occupé plusieurs postes judiciaires au sein du Tribunal de première instance de Tunis et au Tribunal immobilier. Il a occupé le poste de premier juge d’instruction pendant trois ans au pôle judiciaire économique et financier. Depuis 2018, il est le président de la commission de confiscation.
Le président de la République Kaïs Saïed a critiqué le non-respect des aspects juridiques dans la révocation de Imed Boukhris. Lequel n’est autre que l’ex président de l’Instance nationale de lutte contre la corruption (INLUCC).
Le président de la République a reçu lundi le président de l’INLUCC au Palais de Carthage, peu après son limogeage. Pour Kaïs Saïed, l’éloignement de M. Boukhris était prévisible. A partir du moment où il a soulevé certains faits de corruption. Et qu’il a présenté des éléments de preuves concernant, notamment, ceux dont la prestation de serment a été refusée. En allusion aux ministres nommés lors du dernier remaniement ministériel.
Imed Boukhris qui a été limogé aujourd’hui même par le Chef du Gouvernement Hichem Mechichi, a informé le chef de l’Etat de toutes les difficultés qu’il a rencontrées et des dessous de son limogeage.
Il a aussi évoqué les aspects juridiques qui n’ont pas été respectés dans la décision de son limogeage.
L’organisation I Watch a indiqué, dans un communiqué, que le chef du gouvernement, Hichem Mechichi, poursuit la politique des nominations suspectes aux postes sensibles de l’Etat.
I Watch a dénoncé la désignation du magistrat Imed Ben Taleb à la tête de l’Instance nationale de lutte contre la corruption alors qu’il faisait l’objet d’un procès.
L’organisation a souligné que ce dernier a servi les intérêts d’un homme d’affaires pendant son mandat à la tête de la commission des confiscations et a un lien familial avec Walid Dhahbi, proposé au poste de ministre de l’Intérieur, d’après le dernier remaniement, ce qui conduit clairement à un conflit d’intérêts.
Par ailleurs, notons que l’organisation I Watch critique la nomination « suspecte » de Imed Ben Taleb. Elle rappelle avoir intenté un procès contre ce dernier en 2020 pour atteinte à l’administration publique, violation de la réglementation et dissimulation des violations.
De plus, l’organisation accuse aussi le chef du gouvernement Hichem Mechichi de choisir des personnes suspectes à des postes délicats. Et ce, dans le but de servir ses propres intérêts ou ceux d’autres parties, l’appelant à revenir sur sa décision.
Pour rappeler, Chawki Tabib le prédécesseur de Imed Boukhris avait été limogé par Elyes Fakhfakh pour des raisons politiques. Pour ce qui est de M. Boukhris, son limogeage survient également sur fond de raisons politiques, on lui reprocherait notamment une certaine proximité avec le président de la République Kaïs Saïed.
Plusieurs organisations avaient estimé que le limogeage de Chawki Tabib était une réaction vengeresse au rapport de l’Inlucc confirmant les soupçons de conflit d’intérêts et de corruption qui pèsent contre le chef du gouvernement démissionnaire Elyes Fakhfakh.
Pour sa part, des députés du Parti destourien libre (PDL) ont affirmé que M. Boukhris avait des dossiers de corruption l’entourage de Hichem Mechichi, d’où son éjection. Le parti a promis de publier les données qu’il détient.
par: Arab Observer