Ibrahim Mounir, le chef par intérim des Frères musulmans décède à Londres
Le chef par intérim du mouvement égyptien des Frères musulmans, Ibrahim Mounir, est décédé au Royaume-Uni, où il vivait en exil, à l’âge de 85 ans. Une information confirmée par le groupe dans un communiqué publié ce vendredi matin.
Mounir était devenu le chef par intérim des Frères musulmans il y a deux ans, après l’arrestation du président de l’organisation Mohammed Badie en 2013 et de son adjoint Mahmoud Ezzat en 2020.
Le Caire qualifie les Frères musulmans d’organisation terroriste, mais Mounir rejette, de longue date, toute option violente.
Ibrahim Mounir a par ailleurs reconnu que la Fraternité avait connu des divisions internes sur la façon de répondre aux détentions de Badie et Ezzat, annonçant qu’un nouveau chef serait choisi « lorsque la situation se stabilisera ».
Il a été emprisonné à deux reprises en Égypte dans les années 1950 et 1960 pour son militantisme et a vécu en exil pendant la majeure partie des 40 dernières années.
Dans une interview accordée à Reuters en juillet, Mounir annonçait que les Frères musulmans, interdits, ne se lanceraient pas dans une nouvelle lutte pour le pouvoir avec les autorités égyptiennes qui l’ont renversé il y a neuf ans, et ce même si le mouvement revendique toujours un large soutien.
Le mouvement avait remporté la première élection présidentielle libre en Égypte en 2012, mais avait été défait par l’armée un an plus tard. Depuis les Frères musulmans sont l’objet d’une répression féroce de la part des autorités.
Beaucoup de ses dirigeants et des milliers de ses partisans sont en prison ; d’autres, comme Ibrahim Mounir, ont pu fuir l’Égypte.
Pour compliquer les défis des Frères musulmans, la diplomatie changeante du Moyen-Orient a vu deux pays qui ont offert refuge aux partisans des Frères musulmans au cours de la dernière décennie – la Turquie et le Qatar – réparer leurs relations avec un axe d’États déterminés à écraser le groupe tels que l’Égypte, les Émirats arabes unis et l’Arabie saoudite.
L’année dernière, la Turquie a demandé aux chaînes de télévision égyptiennes d’opposition opérant sur son territoire de modérer les critiques à l’encontre du gouvernement du Caire, alors que Recep Tayyip Erdoğan tentait de reconstruire ses relations avec l’Égypte.
En Égypte, la Fraternité, qui au fil des décennies a développé un réseau d’organisations caritatives, bénéficie toujours de la sympathie d’une partie importante des 102 millions d’habitants du pays, a déclaré Mounir dans l’interview accordée à Reuters.
Il a ajouté que le dialogue politique annoncé plus tôt cette année par le gouvernement égyptien et certains groupes d’opposition n’était pas une initiative sérieuse, et qu’elle ne pouvait pas aboutir si elle excluait les Frères musulmans ainsi que d’autres personnalités. « Le dialogue est vraiment nécessaire, mais il doit inclure tout le monde », avait alors déclaré Mounir.
par: Arab Observer