Imran Khan tente d’ouvrir un dialogue entre l’Iran et l’Arabie saoudite
Après le premier ministre japonais, Shinzo Abe, c’est au tour du premier ministre pakistanais, Imran Khan, arrivé dimanche 13 octobre à Téhéran d’offrir ses services pour tenter d’ouvrir un dialogue entre l’Iran et l’Arabie saoudite.
C’est la seconde visite d’Imran Khan cette année en Iran. Un voisin incontournable du Pakistan avec qui il partage un millier de kilomètres de frontières et dont Islamabad représente les intérêts consulaires aux États-Unis, Téhéran n’entretenant plus avec Washington aucune relation diplomatique depuis la crise des otages (novembre 1979-janvier 1981).
Le Pakistan entretient aussi de fortes relations diplomatiques et militaires avec l’Arabie saoudite, où vivent 2,5 millions de ses concitoyens. Il était donc logique que son premier ministre tente lui aussi, après les tentatives infructueuses du Japonais Shinzo Abe en juin dernier, de faire baisser la tension entre Riyad et Téhéran.
En septembre, l’ex-champion de cricket, devenu premier ministre du « pays des purs », depuis août 2018, avait affirmé avoir été chargé d’une tentative de médiation avec l’Iran par le président des États-Unis, Donald Trump et Mohamed Ben Salman (MBS), prince héritier et vice-premier ministre d’Arabie saoudite.
Cette fois-ci, il est venu de son propre gré. « C’est une initiative que nous lançons nous-mêmes. Personne ne nous a demandé de le faire », a assuré le premier ministre pakistanais, lors d’un point de presse commun avec le président Hassan Rohani, à son arrivée dimanche 13 octobre dans la capitale iranienne. Il lui a proposé de « faciliter » un dialogue avec l’Arabie saoudite afin d’éviter qu’une guerre n’éclate entre ces deux pays qui ont rompu leurs relations diplomatiques en janvier 2016. Il doit se rendre ensuite, mardi 15 octobre, à Riyad.
« Nous agirons (…) comme un facilitateur, pas un médiateur, a-t-il déclaré. C’est compliqué, c’est complexe, mais je pense qu’il est possible de résoudre le différend. » Il devait aussi rencontrer dans la journée le guide suprême iranien, l’ayatollah Ali Khamenei.
Depuis plusieurs mois, la région très sensible du Golfe où transite plus de 60 % du pétrole mondial, est secouée par une série d’attentats. Vendredi 11 octobre, c’est en Mer rouge cette fois qu’un tanker iranien, le Sabiti, a été atteint, selon l’Iran, par des frappes de missiles, alors qu’il se trouvait à une centaine de kilomètres d’un port saoudien.
L’incident du Sabiti est le dernier d’une longue série dans la région, après des attaques en Arabie saoudite, des saisies de pétroliers dans le Golfe et la destruction d’un drone américain par Téhéran. En septembre, le royaume wahhabite et les États-Unis, puis l’Allemagne, le Royaume-Uni et la France ont accusé l’Iran d’être responsable de frappes aériennes contre deux sites pétroliers stratégiques dans l’est du royaume saoudien, qui avaient brièvement fait bondir les prix du brut de 20 %. Téhéran a nié toute implication dans ces attaques revendiquées par les rebelles houthistes du Yémen, soutenus par l’Iran et combattus par une coalition militaire dirigée par Riyad.
Avant sa venue, le porte-parole des affaires étrangères iraniennes, Abbas Moussavi, avait répété la position selon laquelle l’Iran « est prêt à négocier avec ses voisins, y compris l’Arabie saoudite, avec ou sans l’aide d’un médiateur, pour lever tout malentendu ».
Hassan Rohani a redit pour sa part que, du point de vue de l’Iran, aucun dialogue ne serait possible tant que ne seront pas levées les sanctions économiques américaines imposées contre la République islamique depuis août 2018.