Incendies en Amazonie: Le Brésil rejette l’aide du G7 pour combattre le feu
Les dirigeants des sept pays les plus industrialisés avaient promis de débloquer d’urgence 20 millions de dollars pour envoyer des avions bombardiers d’eau supplémentaires.
Le Brésil a rejeté lundi l’aide proposée par les pays du G7 pour combattre les incendies en Amazonie, a annoncé le chef de cabinet du président Jair Bolsonaro, qui a conseillé au président français Emmanuel Macron de s’occuper « de sa maison et de ses colonies ».
« Nous remercions [le G7 pour son offre d’aide], mais ces moyens seront peut-être plus pertinents pour la reforestation de l’Europe », a déclaré le chef de cabinet, Onyx Lorenzoni, sur un blog du portail d’information G1, une déclaration confirmée à l’AFP par la présidence brésilienne.
Face à l’aggravation des incendies dans une forêt vitale pour la planète, les sept pays les plus industrialisés, réunis à Biarritz, avaient promis de débloquer d’urgence 20 millions de dollars pour envoyer des avions bombardiers d’eau supplémentaires. Par ailleurs, le G7 est tombé d’accord pour un plan d’aide « d’au moins 30 millions » de dollars, a précisé Emmanuel Macron, destiné à la reforestation, au niveau de l’ONU, qui doit être finalisé au cours de l’Assemblée générale des Nations unies fin septembre.
Echanges musclés entre Macron et Bolsonaro
« Nous ne pouvons accepter qu’un président, Macron, lance des attaques déplacées et gratuites contre l’Amazonie, ni qu’il déguise ses intentions derrière l’idée d’une « alliance » de pays du G7 pour « sauver » l’Amazonie, comme si c’était une colonie », avait lancé Jair Bolsonaro sur Twitter. « Le respect de la souveraineté de quelque pays que ce soit est le minimum qu’on puisse attendre dans un monde civilisé », a-t-il ajouté, après plusieurs jours d’échanges musclés entre les deux dirigeants.
1.113 nouveaux départs de feu recensés au Brésil dimanche
Les feux de forêt en Amazonie ont encore progressé au cours des dernières vingt-quatre heures, au deuxième jour des opérations de lutte anti-incendie de l’armée brésilienne. Dans l’Etat de Rondônia (nord-ouest), frontalier de la Bolivie, la ville de Porto Velho restait couverte de larges nuées de fumées lundi, malgré la mobilisation depuis dimanche par l’armée de deux avions C-130 Hercules.
A l’hôpital pour enfants Cosme e Damião, plusieurs familles attendent de voir un médecin. Dans cette ville d’un demi-million d’habitants, les pathologies vont de la toux sèche aux irritations oculaires, en passant par des troubles respiratoires ou des fièvres pouvant dégénérer en pneumonie. « La fumée peut être très agressive. Les plus affectés sont les enfants et les personnes âgées », explique à l’AFP Sergio Pereira, le directeur de cet établissement qui a vu sa fréquentation augmenter.
Outre les appareils des forces aériennes, des dizaines de pompiers y ont été dépêchés pour lutter contre la progression des flammes. Le Brésil a également accepté l’aide d’Israël, qui a proposé d’envoyer un avion. Jusqu’à présent, sept Etats, dont celui de Rondônia, ont fait appel à l’armée, dont 43.000 soldats basés en Amazonie. Mais le nombre des soldats réellement déployés sur le terrain et leur mode d’intervention restaient flous. Dimanche, 1.113 nouveaux départs de feu ont été recensés au Brésil par l’Institut national de recherche spatiale (INPE).
Le président brésilien Jair Bolsonaro, sous une intense pression internationale, a ordonné une enquête sur des producteurs ruraux de l’État de Para (nord) accusés d’avoir organisé une « journée du feu » le 10 août en soutien aux efforts du président d’extrême droite pour affaiblir la surveillance de la protection environnementale. Une majorité de Brésiliens (53,7 %) désapprouvent la politique menée par Jair Bolsonaro, qui enregistre une forte baisse de sa popularité durant ces six derniers mois, selon un sondage publié lundi.