Iran : Londres rejoint la mission américain dans le Golfe

Le Royaume-Uni a annoncé lundi sa participation à une « mission de sécurité maritime » aux côtés des Etats-Unis afin de protéger les navires marchands dans le détroit stratégique d’Ormuz, au coeur de tensions avec l’Iran, au moment même où Téhéran raillait l’isolement de Washington.

« Le Royaume-Uni est déterminé à protéger ses navires contre des menaces illégales et c’est pourquoi nous avons rejoint aujourd’hui la nouvelle mission de sécurité maritime dans le Golfe », a déclaré le ministre de la Défense, Ben Wallace, dans un communiqué.

Cette annonce marque un tournant de la position du gouvernement britannique, dirigé depuis fin juillet par le conservateur Boris Johnson. Londres avait auparavant dit vouloir mettre en place une mission de protection avec les Européens, en réponse à l’arraisonnement par l’Iran d’un pétrolier battant pavillon britannique dans le détroit d’Ormuz.

Les Etats-Unis cherchent à mettre sur pied une coalition internationale pour escorter les navires de commerce dans le Golfe mais celle-ci ne semble pas attirer beaucoup de pays, de nombreux alliés paraissant soucieux de ne pas se laisser entraîner dans un conflit ouvert dans cette région par laquelle transite le tiers du pétrole acheminé par voie maritime au monde.

Elle ne modifie toutefois en rien la politique britannique vis-à-vis de l’Iran, a assuré le chef de la diplomatie britannique, Dominic Raab, dans le communiqué. « Nous restons engagés à oeuvrer avec l’Iran et nos partenaires internationaux pour désamorcer la situation et maintenir l’accord nucléaire », a-t-il insisté.

Les tensions ne cessent de monter dans la région depuis le retrait américain de l’accord nucléaire iranien, suivi du rétablissement de lourdes sanctions américaines contre l’Iran. Elles se sont intensifiées ces dernières semaines avec des attaques contre des pétroliers dans le Golfe, imputées par Washington à Téhéran, qui dément toute implication.

Et l’Iran a annoncé dimanche avoir saisi un pétrolier étranger dans le Golfe, le troisième en moins de trois mois.

– « Honte » –

Cette annonce intervient peu après que le chef de la diplomatie iranienne, Mohammad Javad Zarif, eut estimé lundi que les Etats-Unis agissaient seuls contre l’Iran et que leurs alliés avaient « honte » de les rejoindre dans une coalition pour accompagner les pétroliers dans le Golfe.

L’idée de Washington est que chaque pays y escorte militairement ses navires marchands avec le soutien de l’armée américaine, qui assurerait la surveillance aérienne de la zone et le commandement des opérations.

Les Européens notamment ne veulent pas s’associer à la politique de « pression maximale » sur l’Iran du président américain Donald Trump, car ils cherchent à préserver l’accord limitant les activités nucléaires iraniennes, conclu en 2015 avec l’Iran et dont Washington s’est retiré en 2018.

La chancelière allemande Angela Merkel exclut en l’état une participation de son pays à une telle mission, a indiqué lundi la porte-parole du gouvernement Ulrike Demmer.

– « Violence, guerre et massacre » –

« Un pyromane ne peut être un pompier », a dit M. Zarif, soutenant que depuis l’arrivée des Américains dans la région il n’y a plus « que violence, guerre et massacre ».

Alors que l’un des trois pétroliers saisis par l’Iran bat pavillon britannique, Londres a dit lundi avoir déjà escorté à ce jour 47 navires civils battant pavillon britannique dans le Golfe.

Malgré la politique de sanctions et l’animosité entre Washington et Téhéran, l’administration Trump avait lancé des appels au dialogue à l’Iran.

Mais M. Zarif a dit avoir refusé une invitation à rencontrer le président Donald Trump à la Maison Blanche malgré des menaces de sanctions à son encontre, qui ont été au final imposées la semaine dernière.

Avant lui, le guide suprême Ali Khamenei, ultime décideur dans les dossiers sensibles en Iran, a été la cible de sanctions américaines.

« Ils veulent juste imposer leur volonté à l’Iran. Ils ne doivent pas s’attendre à ce que l’on négocie tant qu’ils sont engagés dans un terrorisme économique », a lancé M. Zarif en allusion aux sanctions américaines qui asphyxient l’économie de son pays.

Mais il n’a pas fermé complètement la porte. « A mon avis, les négociations et la diplomatie ne s’arrêteront jamais. (…) Même en temps de guerre les négociations existeront ».

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