Khalifa Haftar appelle à la mobilisation générale contre l’intervention militaire turque
Le chef de l’Armée nationale libyenne, Khalifa Haftar, a appelé vendredi la population à porter les armes contre une éventuelle intervention militaire turque en Libye, dans un discours retransmis à la télévision.
Depuis la chute du régime de Mouammar Kadhafi en 2011, la Libye est en proie à des luttes d’influence. Le maréchal Khalifa Haftar, l’homme fort de l’Est libyen qui tente depuis le 4 avril de s’emparer de la capitale libyenne, a appelé vendredi 3 janvier au soir à la « mobilisation générale » et au mobilisation contre une éventuelle intervention militaire turque en Libye en soutien au Gouvernement d’union nationale (GNA) basé à Tripoli.
Dans un discours retransmis par la télévision al-Hadath acquise à sa cause, le chef de l’Armée nationale libyenne a exhorté « tous les Libyens » à porter les armes, « hommes et femmes, militaires et civils, pour défendre notre terre et notre honneur ».
« L’ennemi regroupe ses forces pour envahir la Libye et asservir notre peuple » et a trouvé « parmi les traîtres ceux qui ont signé avec lui un accord de soumission, d’humiliation et de honte », a-t-il dit, en référence à un accord militaire signé fin novembre entre Ankara et le GNA.
Les députés turcs ont approuvé jeudi une motion permettant au président Recep Tayyip Erdogan d’envoyer des militaires en Libye pour soutenir le GNA, dont les troupes combattent les forces du maréchal Khalifa Haftar.
L’imminence d’une intervention turque inquiète également aux Nations unies (ONU). Le secrétaire général de l’ONU, Antonio Guterres, a affirmé, sans mentionner explicitement la Turquie, que « tout soutien étranger aux parties en guerre » en Libye « ne fera qu’aggraver un conflit et compliquer les efforts pour une solution pacifique ». « Les violations continues de l’embargo sur les armes imposé par le Conseil de sécurité ne font qu’empirer les choses », souligne-t-il.
Dans un récent rapport, des experts de l’ONU chargés de contrôler l’application de cet embargo instauré en 2011, la Turquie, au profit du GNA, comme la Jordanie et les Émirats Arabes Unis, pour le compte du maréchal Khalifa Haftar qui cherche depuis avril à s’emparer de Tripoli, sont accusés de multiples violations.
« Un strict respect de l’embargo est essentiel pour créer un environnement favorable à la cessation des hostilités », insiste Antonio Guterres, en renouvelant « ses appels à un cessez-le-feu immédiat en Libye et au retour au dialogue politique par toutes les parties ».