La Chine dans le collimateur du chef du Pentagone en Mongolie
Le chef du Pentagone Mark Esper s’est félicité jeudi de venir renforcer les liens entre les Etats-Unis et la Mongolie au cours d’une rare visite d’un haut responsable américain à Oulan-Bator, qui est apparue dirigée contre la Chine.
« C’est un grand honneur pour moi d’être ici, de vous rencontrer et d’avoir une occasion de chercher comment nous pouvons renforcer encore les liens entre nos deux pays, nos deux peuples », a déclaré M. Esper, premier ministre américain de la Défense à se rendre en Mongolie depuis 2014.
Vaste pays peu densément peuplé, la Mongolie revêt aux yeux de Washington une importance stratégique croissante, du fait notamment de sa position entre la Chine et la Russie.
Reçu en grande pompe par des soldats en costume d’apparat, M. Esper a eu des entretiens avec son homologue mongol Nyamaagiin Enkhbold, ainsi qu’avec le président Khaltmaa Battulga, qui a été reçu fin juillet par Donald Trump à la Maison Blanche.
Selon la tradition mongole, M. Esper s’est vu offrir le privilège de nommer un des petits chevaux du pays, dont la résistance permit à Gengis Khan de fonder un empire au 13e siècle.
M. Esper a choisi de le nommer Marshall, du nom du général américain qui élabora le plan de reconstruction de l’Europe après la seconde Guerre mondiale. Il a été photographié à ses côtés mais il n’a pu emporter qu’une photo de l’animal, qui restera en Mongolie.
A toutes les étapes de sa tournée, qui l’a déjà conduit à Sydney, Auckland et Tokyo, M. Esper a dénoncé les ambitions territoriales de la Chine et ses méthodes pour dominer la région.
– ‘Tentacules » –
Pékin a lancé en 2013 un faramineux projet d’infrastructures pour connecter l’Asie, l’Europe et l’Afrique à la Chine, les « Nouvelles routes de la soie », que Washington soupçonne d’être avant tout un moyen pour Pékin de déverser ses excédents sur des pays pauvres, invités à s’endetter auprès des banques chinoises pour construire des infrastructures parfois inutiles.
« Il faut faire attention aux positions où ils essaient de s’établir dans beaucoup de ces pays », a-t-il dit aux journalistes qui l’accompagnent. Les Chinois « tentent de (…) déployer leurs tentacules dans le monde » et « nous devons être capables (…) de rivaliser ».
La Mongolie présente un autre atout pour les Etats-Unis dans sa lutte d’influence avec Pékin: elle dispose d’importantes ressources naturelles, dont les terres rares, un ensemble de 17 métaux essentiels aux technologies de pointe et que l’on retrouve dans les smartphones, les écrans plasma, les véhicules électriques mais aussi dans l’armement.
La Chine est le premier producteur de terres rares au monde, ainsi que le premier raffineur et Washington dépend très largement du géant asiatique pour son approvisionnement.
Or, en pleine guerre commerciale entre les deux pays, la Chine a menacé les Etats-Unis de leur couper l’accès aux terres rares qu’elle produit.
Washington cherche donc de nouvelles sources d’approvisionnement et surtout de raffinage de ces minéraux, un processus très polluant qui n’est réalisé que dans de rares pays acceptant le risque environnemental.
M. Esper a évoqué ce sujet en Australie, un pays qui possède une raffinerie de terres rares en Malaisie.
Avant même son arrivée à Sydney samedi, il a suscité la colère de Pékin en assurant que les Etats-Unis souhaitaient déployer rapidement en Asie de nouvelles armes conventionnelles de portée intermédiaire, maintenant que Washington n’était plus lié par le traité de désarmement INF.
« La Chine préfère forcer les pays voisins à se lancer dans des activités qui ne bénéficient qu’à Pékin », a déclaré M. Esper mercredi à Tokyo, accusant notamment Pékin de vol de propriété intellectuelle et de pêche abusive dans les eaux territoriales d’autres pays.
« Ce comportement déstabilise notre région », a-t-il ajouté, soulignant l’appartenance géographique des Etats-Unis à la région Pacifique.