La fin des activités de l’UNRWA représente un traumatisme pour les millions de personnes

La fin annoncée jeudi 30 janvier des activités de l’agence officielle de l’ONU pour les réfugiés palestiniens (l’UNRWA) représente un traumatisme pour les millions de personnes qui en bénéficient, à travers écoles, soins et services essentiels, depuis des années.

Des milliers de Palestiniens de Jérusalem-Est vont être privés à partir de ce jeudi d’écoles, de soins de santé et d’autres services essentiels fournis par l’Unrwa, l’Agence de l’ONU pour les réfugiés palestiniens. Al-Wakalah (l’agence), disent les Palestiniens pour désigner l’Unrwa, comme les citoyens de tout pays parleraient de leur gouvernement. L’organisation qui assure leur logement, leur alimentation de base, leur santé et l’éducation de leurs enfants fait partie de la vie quotidienne de millions de réfugiés palestiniens depuis plusieurs générations.

Cette demande unilatérale de cesser les opérations et d’évacuer les installations avec une mise en demeure de moins d’une semaine est manifestement déraisonnable et contradictoire avec les obligations internationales d’Israël, a réagi le secrétaire général de l’ONU, António Guterres. Il a rappelé la double illégalité de cette décision qui touche d’abord une organisation humanitaire de l’ONU et cela dans un territoire considéré comme occupé. Il a souligné qu’Israël ne peut «exercer de pouvoir de souveraineté sur aucune partie du Territoire palestinien occupé, y compris Jérusalem-Est».

Le gouvernement israélien a été conforté dans sa détermination à bannir les activités de l’Unrwa par la nouvelle administration Trump qui a appuyé sa décision. L’ambassadrice américaine à l’ONU par intérim Dorothy Shea a soutenu lundi la décision souveraine d’Israël de fermer les établissements de l’Unrwa à Jérusalem. Alors que l’administration de Joe Biden, tout en suspendant les contributions financières à l’Unrwa, avait plaidé pour la poursuite de ses opérations. L’ONU et de nombreux Etats membres répètent au contraire inlassablement qu’il n’y a pas d’alternative à l’Unrwa, qu’ils considèrent comme la colonne vertébrale de l’aide humanitaire, notamment à Gaza.

Personne ne sait ce qui va se passer, c’est très flou, a expliqué Jonathan Fowler, porte-parole de l’Unrwa. On va continuer tout ce qu’on peut continuer en attendant des précisions. On ne baisse pas les bras. Car l’agence semble irremplaçable pour la prise en charge des réfugiés palestiniens partout, en particulier à Jérusalem-Est. En vertu du droit humanitaire international, il incombe à une puissance occupante de veiller au bien-être d’une population occupée, rappelle M. Fowler, pointant la responsabilité israélienne.

Le Croissant-Rouge palestinien a affirmé jeudi rejeter absolument tout rôle de substitution à l’Unrwa malgré les tentatives répétées, dans un communiqué démentant des rumeurs publiées par les médias israéliens. L’idée que les missions de l’Unrwa pourraient être prises en charge par des pays étrangers ou d’autres agences onusiennes semble irréalisable. Des employés des Nations unies ont affirmé que leurs organisations n’avaient pas les moyens humains et matériels de se substituer à l’Agence.

De son côté, Israël a une nouvelle fois justifié mercredi sa décision par le fait que, selon elle, l’agence des Nations unies regorge de combattants du Hamas. L’Unrwa regorge de membres du Hamas, pas seulement les 19 sur lesquels l’Unrwa enquête sans enthousiasme, mais aussi des centaines d’employés, a déclaré David Mencer, porte-parole du gouvernement israélien, lors d’une conférence de presse. L’Unrwa, c’est le Hamas, a-t-il ajouté.

La date d’application d’une loi votée par la Knesset interdisant les opérations de l’organisation sur le territoire israélien a été confirmée lundi par l’ambassadeur de l’Etat hébreu à l’ONU. J’informe par la présente les Nations unies et le Conseil de sécurité que la législation concernant les activités de l’Unrwa en Israël entrera officiellement en vigueur le 30 janvier, comme décidé par le Parlement en octobre, a déclaré Danny Danon lundi à New York.

Le cas de l’Unrwa pourrait bientôt toucher les activités essentielles d’autres organisations bien au-delà des territoires palestiniens et du Moyen-Orient. Il faut rappeler en effet, que parmi les premières décisions de l’administration Trump, figure celle de geler toute aide humanitaire à travers le monde pour plusieurs mois au moins. La directive stop work concerne notamment les 10 000 employés d’Usaid, la plus grande agence d’aide publique au monde et met en péril les activités de centaines d’organisations humanitaires partout sur le globe.

Articles similaires

Bouton retour en haut de la page