La France va quitter le Niger
Le président Emmanuel Macron a annoncé dimanche soir que l’ambassadeur de France allait être évacué du Niger dans les prochaines heures et que les soldats français quitteraient le pays avant la fin de l’année en concertation avec les putschistes.
Les 1.500 soldats français, engagés dans une coopération militaire de longue date avec leurs homologues nigériens contre les djihadistes, vont aussi rentrer en France « dans les semaines et mois qui viennent ». Un retrait à vrai dire envisagé du fait que les soldats français ne pouvaient plus sortir de leur base, depuis deux semaines, sans précision toutefois sur les effectifs concernés.
Il a rappelé que la France était présente au Sahel à la demande des autorités légitimes des pays concernés et pour les aider à lutter contre les djihadistes. Soulignant que, notamment, depuis l’arrivée au pouvoir de la junte au Niger, le nombre de victimes des djihadistes est supérieur à celui enregistré lors des dix-huit mois précédents.
C’est donc la fin d’un bras de fer engagé avec la junte militaire ayant déposé le 26 juillet le président Mohamed Bazoum, qui avait ordonné, fin août, l’expulsion de l’ambassadeur français à Niamey, Sylvain Itté, et lui avait retiré son immunité et son visa diplomatiques.
La junte avait aussi dénoncé, dès le 3 août, la coopération militaire avec l’ex-puissance coloniale, affirmant que les 1.500 soldats français présents dans une base près de Niamey étaient désormais présents « illégalement » dans le pays.
Paris, qui ne reconnaît pas la junte comme une autorité légitime, avait refusé de céder, affirmant qu’elle ne rappellerait son ambassadeur ou mettrait fin à sa coopération militaire que sur instruction du président Bazoum.
Depuis une dizaine de jours, le président Macron affirmait que l’ambassadeur de France, qui ne pouvait plus quitter le siège de la représentation diplomatique, était virtuellement « pris en otage » .
Si Paris habille son départ d’une volonté de ne pas « être otage des putschistes », dixit Emmanuel Macron, concrètement le résultat correspondra peu ou prou aux exigences de ces derniers : l’ambassadeur de France est rappelé et les soldats français quitteront le pays « d’ici la fin de l’année ». Mais dans le cadre, a affirmé le président français, d’une « concertation » avec les putschistes pour des raisons de sécurité.
Parachevant la brouille avec Paris, la junte a interdit, dimanche matin, aux avions français son espace aérien, tout en le gardant ouvert aux vols commerciaux des autres pays. Air France, principale compagnie aérienne reliant l’Europe et l’Afrique, avait suspendu le 7 août ses vols à destination de Niamey (quatre vols par semaine), jusqu’à nouvel ordre.
Le 4 septembre, le Niger avait rouvert son espace aérien pour les vols commerciaux après près d’un mois de fermeture. Cette décision risque, en théorie, de compliquer le rapatriement du matériel militaire et des soldats français déployés au Niger.
Ce développement survient alors que la Communauté économique des Etats d’Afrique de l’Ouest (Cedeao) menace depuis près de deux mois d’intervenir militairement pour rétablir l’autorité du président Bazoum. Si rien n’indique qu’il s’agit d’un bluff, force est de constater que cette intervention semble moins probable de jour en jour en raison de ses difficultés opérationnelles et, notamment, du risque que le président Bazoum soit exécuté lors d’une tentative de le délivrer.