La livre turque chute à nouveau face au dollar américain
La Livre turque, en chute libre depuis plusieurs semaines, a atteint de nouveau un record à la baisse mercredi à 14,7 livres pour un dollar à la veille d’une décision de la Banque centrale sur les taux d’intérêt. La Banque centrale turque doit annoncer jeudi son taux directeur.
Alors que le taux d’inflation a dépassé en novembre les 21% sur un an, le président Recep Tayyip Erdogan a refusé jusqu’à présent de relever les taux d’intérêt et d’infléchir sa politique monétaire.
Depuis le 1er janvier, où elle s’échangeait à 7,43 livres contre un dollar, la Livre turque a perdu plus de 49% de sa valeur face au billet vert, dont 30% sur le seul mois de novembre.
Le mois dernier, l’établissement l’avait de nouveau abaissé d’un point (de 16 à 15%) pour la troisième fois en moins de deux mois, à la demande du chef de l’Etat qui argue, à rebours des théories économiques classiques, que les taux élevés favorisent la hausse des prix.
Le président Erdogan, dont la popularité est au plus bas après 19 ans au pouvoir, semble faire le pari de la croissance économique à tout prix en vue de l’élection présidentielle prévue en 2023. Celle-ci a atteint 7,4% sur un an au troisième trimestre.
Mais pour les Turcs, l’effondrement de la monnaie et l’envolée des prix sont devenus insoutenables, le pays étant très dépendant des importations, notamment pour les matières premières et l’énergie.
La Réserve fédérale américaine a déclaré qu’elle accélérerait la réduction de ses achats mensuels d’obligations, et qu’il réduira à 60 milliards de dollars à partir de janvier, une baisse par rapport à 120 milliards de dollars par mois avant novembre, dans ce qui constitue une accélération significative du programme qui a été lancé le mois dernier à travers une réduction progressive de 15 milliards de dollars, et la réduction doublée. à 30 milliards de dollars en décembre, puis il doublera à nouveau en janvier prochain.
La banque centrale américaine prévoit également de commencer à augmenter les taux d’intérêt à la fin de l’hiver ou au début du printemps, qui sont restés stables lors de la réunion de cette semaine.
Cette politique monétaire très critiquée et le manque d’indépendance de la Banque centrale – dont M. Erdogan a limogé trois gouverneurs depuis 2019 – enfoncent la monnaie, mais le président a prévenu fin novembre qu’il continuerait de « résister aux pressions », dénonçant un « complot » visant l’économie turque.
Outre la valse des gouverneurs de la Banque centrale, le président turc a remplacé à trois reprises son ministre des Finances depuis 2018, dont le dernier le 2 décembre, en pleine débâcle.
Plus de 5000 personnes ont manifesté dimanche à Istanbul contre l’inflation et la baisse du pouvoir d’achat, premier grand rassemblement en raison des turbulences traversées par l’économie turque depuis des semaines.
par: Arab Observer