La présence de l’armée égyptienne à la frontière libyenne est un message à la Turquie
L’annonce par le président égyptien Abdel Fattah al-Sissi de l’initiative du Caire pour résoudre la crise libyenne, samedi dernier, a été rapidement suivie d’un déploiement massif de troupes à la frontière libyenne.
Cela contenait un message pour la Turquie, qui observe jusqu’à présent un silence total sur l’initiative égyptienne. Dans son message, le Caire a essentiellement déclaré que l’Égypte est prête à travailler pour la paix en Libye, mais qu’elle est également prête pour l’option guerre si la Turquie choisie l’obstination.
Une source politique égyptienne a qualifié d’normale l’accumulation militaire à la frontière libyenne, compte tenu de la disponibilité des forces armées égyptiennes et des développements dangereux qui se déroulent en Libye.
La source a déclaré que l’objectif de cette accumulation est de bloquer tous les passages le long de la frontière libyenne et d’empêcher d’éventuelles infiltrations par des éléments terroristes en territoire égyptien.
Les experts militaires estiment que l’Armée nationale libyenne (ANL) n’a pas besoin d’un soutien militaire au sol, surtout maintenant qu’un grand nombre de jeunes hommes capables des tribus de l’est de la Libye ont rejoint les fronts de bataille dans le centre de la Libye du côté de la ANL, car il a besoin d’avions de chasse pour arrêter l’avance des milices combattant pour le soi-disant Gouvernement d’Accord national (GNA) sur Syrte , base militaire de Jafra et terminaux pétroliers.
Alors que certains disent que les avions de chasse utilisés étaient du même type que les avions militaires que les États-Unis ont accusé la Russie d’envoyer en Libye, une accusation niée par la ANL, d’autres n’ont pas exclu l’hypothèse que lesdits avions ont décollé d’une base militaire en Egypte.
Des informations controversées circulent encore sur l’identité de l’avion qui a mené les frappes aériennes de samedi, ce qui a frustré l’avancée des milices de Misrata et des mercenaires syriens vers Syrte, infligeant de lourdes pertes d’équipement et de vies aux troupes en marche.
L’Egypte maintient une base militaire, la base de Mohamed Naguib, près de sa frontière libyenne. Construite il y a seulement trois ans, elle est une base moderne dans un réseau de bases de soutien logistique qui font partie du système de défense égyptien. Il y a été spécialement construit en prévision d’une urgence militaire en Libye à laquelle l’Égypte pourrait avoir à faire face.
Quoi qu’il en soit, les frappes aériennes de samedi ont clairement montré au GNA et à son allié turc que la ville de Syrte, à environ 500 kilomètres de Tripoli, est une ligne rouge à ne pas franchir. L’Egypte et la Russie ne sont pas prêtes à laisser le camp du GNA atteindre la région orientale de la Libye, car une telle action irait à l’encontre du cessez-le-feu proposé par l’Egypte et qui est entrée en vigueur lundi.
Le Caire se rend compte que son initiative a confondu l’alliance Ankara-Tripoli. Cette alliance ne tient bon qu’en raison de la poursuite de la guerre en Libye. Mais alors que les appels à un retour au cap du règlement politique se sont intensifiés, des fissures au sein des forces politiques et des forces régionales au sein de l’alliance ont commencé à faire surface.
Le Caire ne s’attend pas à ce que son initiative soit aussi facilement saluée par de nombreuses parties. En fait, elle s’était préparée au scénario du rejet de son initiative par le Premier ministre du GNA Fayez al-Sarraj et les milices et alliés du GNA. Mais la proposition égyptienne semble avoir recueilli le soutien d’importants acteurs internationaux, qui ont exhorté tous les Libyens à la prendre au sérieux et les ont mis en garde contre l’option imprudente de poursuivre la guerre.
Le Caire estime que l’opportunisme du président turc Recep Tayyip Erdogan le fera persister dans son entreprise téméraire en continuant à favoriser et à soutenir l’option militaire.
En revanche, le commandant de la ANL, le maréchal Khalifa Haftar, a déjà annoncé son adhésion au cessez-le-feu, ce qui implique qu’Erdogan pourrait finir par quitter le jeu libyen les mains vides, sans part du gâteau libyen, ce dernier étant la principale motivation de son implication dans la guerre actuelle.
Ankara est consciente que les grandes puissances mondiales ne regarderont pas favorablement sa violation des règles de la géopolitique mondiale. Ainsi, si son intervention en Libye a été tacitement bénie par certaines puissances occidentales afin d’atteindre des objectifs spécifiques, son fait tout militaire et l’apport de mercenaires n’a pas bien accueilli les autres grandes puissances, en particulier la Russie.
Lundi, des signes sont apparus d’une coordination russo-turque pour élaborer une nouvelle carte du partage de l’influence en Libye. Les ministres des Affaires étrangères des deux pays se sont mis d’accord sur la nécessité de créer les conditions propices à un processus de paix en Libye, et le président russe Vladimir Poutine a eu une conversation téléphonique avec son homologue égyptien Abdel Fattah al-Sissi.
Le Président Abdel Fattah al-Sissi a présenté la position stratégique cohérente de l’Égypte à l’égard de la crise libyenne telle qu’elle est incarnée par l’initiative de la Déclaration du Caire et qui était également conforme aux divers efforts internationaux. Pour sa part, Poutine a salué l’initiative égyptienne.
La déclaration du ministère russe des Affaires étrangères, qui citait les deux ministres, Mevlüt Çavuşoğlu et son homologue russe Sergueï Lavrov, donnait l’impression que les deux pays suivaient dans une large mesure le même schéma de leurs arrangements conjoints dans le nord de la Syrie.
Dès le début de l’évolution actuelle en Libye, les observateurs ont été unanimes à dire que ce sont les Russes et les Turcs qui décideront de « toute négociation concernant les arrangements en Libye ».
par: Arab Observer