La Russie et la Chine demandent de l’ONU d’ajuster les sanctions contre la Corée du Nord
Moscou et Pékin proposent au Conseil de sécurité de l’ONU un allègement de sanctions contre la Corée du Nord.
La Russie et la Chine ont transmis lundi à leurs partenaires du Conseil de sécurité de l’ONU une proposition «d’ajuster les sanctions contre la Corée du Nord» en fonction des étapes franchies par ce pays vers une dénucléarisation de la péninsule coréenne.
Contenue dans un projet de résolution qui a surpris plusieurs missions diplomatiques, la proposition souligne aussi la nécessité d’avoir «l’approche la plus favorable» face aux exemptions demandées aux sanctions ayant un objectif humanitaire.
Sans détailler ce que devra faire précisément la Corée du Nord pour obtenir un allègement des sanctions, le projet russo-chinois réclame, pour améliorer le niveau de vie des Nord-Coréens, l’arrêt de plusieurs dispositions clés datant de 2016 et 2017.
Pour ses auteurs, l’ONU devrait ainsi abandonner les interdictions faites à ses pays membres d’importer du charbon, du fer, du minerai de fer et des textiles venant de Corée du Nord.
La Russie et la Chine réclament aussi la fin de la mesure, prise en 2017, qui impose aux États de l’ONU de renvoyer sous deux ans dans leur pays d’origine les travailleurs nord-coréens travaillant à l’étranger, source d’importants revenus pour le pouvoir nord-coréen. Les membres des Nations unies ont jusqu’à ce 22 décembre 2019 pour appliquer cette sanction.
Le texte sino-russe demande aussi une exemption aux sanctions de tous les projets de coopération routiers et ferroviaires entre la Corée du Nord et la Corée du Sud. Il est accompagné de trois pages d’annexes listant des produits qui ne devraient plus être concernés par des sanctions contre Pyongyang: parmi eux figurent des bulldozers, des petits tracteurs, des radiateurs, de nombreux objets en métal allant des ciseaux aux petites cuillères et autres fourchettes, des machines à laver la vaisselle et le linge, des aspirateurs, des vélos, des poussettes d’enfants, des extincteurs…
Le texte, en se félicitant «du dialogue entre les États-Unis et la Corée du Nord à tous les niveaux» en faveur d’une nouvelle relation, appelle par ailleurs «à une reprise rapide des pourparlers à six» (Chine, les deux Corées, les États-Unis, la Russie et le Japon), lancés en 2003 mais dont Pyongyang s’est retiré en 2009.
L’avenir de ce projet de résolution reste incertain et aucune échéance pour une mise au vote n’a encore été avancée, selon des diplomates. À l’ONU, la rédaction des textes liés à la Corée du Nord est traditionnellement du ressort des États-Unis, et la démarche russo-chinoise est plutôt singulière à cet égard, note l’un d’eux.
Selon une autre source, il est peu probable qu’un vote intervienne rapidement. La présidence du Conseil de sécurité, maître des travaux, est assurée en décembre par les États-Unis auxquels succédera en janvier le Vietnam à l’occasion de son entrée dans l’instance pour deux ans comme membre non permanent.
Il faut enfin pour la Russie et la Chine s’assurer avant un vote d’avoir neuf voix en faveur de leur texte sur les 15 du Conseil de sécurité, ce qui est loin d’être acquis. Et de ne se voir opposer aucun veto d’un membre permanent du Conseil, comme celui dont disposent les États-Unis, la France et le Royaume-Uni. Les Européens sont actuellement les partisans les plus ardents d’un maintien des sanctions.
La proposition russo-chinoise de résolution survient alors que les discussions entre les États-Unis et la Corée du Nord, relancées de manière spectaculaire en 2018, sont dans l’impasse depuis l’échec en février d’un sommet entre Donald Trump et Kim Jong Un.
Les États-Unis exigent que la Corée du Nord renonce d’emblée à tout son arsenal atomique, alors que cette dernière réclame une levée rapide d’au moins une partie des sanctions internationales qui étranglent son économie.