La Turquie lance une opération aérienne dans le nord de l’Irak et de la Syrie

La Turquie a lancé dimanche une opération aérienne dans le nord de l’Irak et de la Syrie visant dans la nuit plusieurs régions sous contrôle des forces kurdes syriennes et du PKK, accusées par Ankara du récent attentat qui a fait six morts et 81 blessés à Istanbul.

Le ministère turc de la Défense a annoncé dimanche le lancement de l’opération aérienne « Griffe Epée » dans le nord de l’Irak et de la Syrie, accusant ces régions d’être « utilisées comme bases par des terroristes » kurdes.

« Les avions ont décollé de leurs bases, l’opération aérienne a commencé » a indiqué le ministère dans un communiqué, une semaine après l’attentat meurtrier qui a frappé une rue commerçante au cœur d’Istanbul.

Immédiatement désignés, le Parti des Travailleurs du Kurdistan (PKK) et les Forces démocratiques syriennes (FDS), soutenues par Washington, avaient rejeté ces accusations et nié toute implication dans cet attentat.

L’opération a été menée « conformément aux droits de légitime défense découlant de l’article 51 de la Charte des Nations unies, afin d’éliminer les attaques terroristes du nord de l’Irak et de la Syrie, d’assurer la sécurité des frontières et d’éliminer le terrorisme à sa source », a-t-il affirmé.

Dans la nuit, sur Twitter, le ministère avait lancé : « L’heure des comptes a sonné ! Les salauds devront rendre des comptes pour leurs attaques perfides », après l’attentat qui a fait le 13 novembre six morts et 81 blessés au cœur d’Istanbul. « Les nids de la terreur sont rasés par des frappes de précision », ajoutait-il sans autre détail sur les cibles visées.

Les raids turcs contre plusieurs positions dans le nord et le nord-est de la Syrie samedi soir ont tué au moins six membres des Forces démocratiques syriennes (FDS) dirigées par les Kurdes, en plus de six soldats prorégime, selon l’Observatoire syrien des droits de l’Homme (OSDH).

Les bombardements turcs ont ciblé des sites des FDS dans la province d’Alep et de Hassaké, a déclaré le directeur l’ONG, Rami Abdel Rahman. Les raids ont également visé des positions où les forces du régime syrien sont déployées dans les deux gouvernorats de Raqqa (nord) et de Hassaké, tuant six membres des FDS et six membres du régime.

Les frappes ont visé principalement la ville de Kobané (nord) et ses environs, près de la frontière turque, notamment des silos à grains près d’Al-Malikiyah (nord-est) et une centrale électrique au sud de cette province, située dans des zones sous le contrôle des Forces démocratiques syriennes (FDS, coalition armée dominée par les Kurdes).

Les bombardements ont également ciblé des positions où les forces du régime de Damas sont déployées à Raqa, Hassaké et Alep, selon l’OSDH.

« Kobané, la ville qui a défait l’Etat islamique, est la cible de bombardements par l’aviation de l’occupation turque », a annoncé Farhad Shami, un porte-parole des FDS, qui avait démenti tout lien avec l’attentat qui a rapporté que deux membres des FDS ont été tués à Al-Malikiyah, et quatre soldats prorégime dans le nord d’Alep.

Le commandant en chef des FDS, Mazloum Abdi, dénoncé des bombardements « agressifs et barbares ».

« Le bombardement turc de nos zones menace la région entière. Ce bombardement ne sert aucun parti. Nous faisons tout pour éviter une catastrophe majeure. Si la guerre éclate, tout le monde sera affecté », a-t-il tweeté.

En revanche, les frappes turques n’ont « pas fait de victimes » dans le nord de l’Irak, a affirmé un responsable du gouvernement régional du Kurdistan d’Irak .

« Les Turcs ont visé au moins huit zones où se trouvent des bases du PKK sans faire de victime civile » a assuré ce responsable, citant les régions montagneuses de « Shingal, Rawanduz, Bradost, Qandil, Asos, Soran, Rania et Qaladzi », situées entre Erbil, la capitale du Kurdistan autonome irakien et la frontière iranienne.

Selon un porte-parole du PKK ces opérations ne sont pas nouvelles, elles durent sans discontinuer depuis sept mois, a-t-il affirmé en assurant que l’armée turque a effectué 3.694 bombardements sur le sol du Kurdistan d’Irak pendant cette période.

Au lendemain de l’attentat commis dans une rue très commerçante et fréquentée d’Istabul, les autorités turques ont accusé une jeune femme, présentée comme de nationalité syrienne, d’avoir posé la bombe.

Selon Le ministre turc de l’Intérieur Suleyman Soylu, « l’ordre de l’attentat a été donné de Kobané », ville contrôlée par les forces kurdes.

Le département d’Etat américain avait dit vendredi craindre « une éventuelle action militaire de la Turquie », en déconseillant à ses ressortissants de se rendre dans le nord de la Syrie et de l’Irak.

par: Arab Observer

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