La Turquie se prépare à lancer une agression militaire terrestre contre la Syrie
La Turquie, appelée à la retenue par Washington et Moscou, a frappé mardi plusieurs objectifs en Syrie après de nouvelles menaces du président Recep Tayyip Erdogan de lancer « bientôt » une opération terrestre contre les combattants kurdes dans le nord du pays.
Mardi, de nouvelles frappes de drones turcs ont visé notamment une base conjointe des forces kurdes et de la coalition internationale antidjihadiste menée par les États-Unis, à 25 km au nord de la ville de Hassaké, faisant deux morts selon les forces kurdes et l’OSDH.
Le commandement militaire américain pour le Moyen-Orient (Centcom) a affirmé que ses forces « n’ont pas été pas en danger » lors de ces frappes.
D’autres bombardements ont visé un champ pétrolifère proche de la ville d’al-Qahtaniyah, à proximité de la frontière turque et une zone située à 70 km au sud de la frontière turco-syrienne, d’après les forces kurdes.
L’aviation turque a lancé dimanche l’opération « Griffe Épée », une série de raids aériens contre 89 positions du PKK et des YPG dans le nord de l’Irak et de la Syrie, qui ont fait près d’une quarantaine de morts en Syrie selon l’Observatoire syrien des droits de l’Homme (OSDH).
M. Erdogan menace depuis mai d’une offensive dans le Nord syrien, mais l’attentat survenu le 13 novembre à Istanbul (six morts et 81 blessés), attribué par Ankara aux combattants kurdes du PKK (Parti des travailleurs du Kurdistan) et des YPG (Unités de protection du peuple), risque d’accélérer les opérations.
« Nous survolons les terroristes depuis quelques jours avec notre aviation et nos drones. Si Dieu veut, nous allons les éliminer bientôt avec nos soldats, nos canons et nos chars », a dit mardi le chef de l’État lors d’un discours dans le nord-est du pays.
« Ils voulaient établir un État terroriste autour de nous, nous ne pouvions pas le permettre. Protéger nos frontières et notre nation est notre responsabilité et notre devoir », a déclaré mardi le ministre turc de l’Intérieur Süleyman Soylu recevant son homologue allemande Nancy Faeser à Ankara.
« Nous ferons payer ceux qui nous dérangent sur notre territoire », avait prévenu lundi le président turc menaçant d’une opération terrestre.
Les déclarations de M. Erdogan – publiées peu après des tirs de roquettes depuis la Syrie qui ont fait deux morts dont un enfant dans la ville frontalière turque de Karkamis (sud-est) –ont suscité l’inquiétude de Washington et Moscou.
« Nous appelons à la désescalade en Syrie pour protéger les civils et soutenir l’objectif commun de vaincre l’État islamique », a plaidé le porte-parole du département d’État américain Ned Price.
La Russie a « espéré » que la Turquie ferait preuve de « retenue » et se garderait de « tout usage excessif de la force » en Syrie.
« Nous comprenons les préoccupations de la Turquie, Mais dans le même temps, nous appelons toutes les parties à se garder de toute initiative qui pourrait mener à une grave déstabilisation », a déclaré le porte-parole de la présidence russe Dmitri Peskov.
Lundi, Berlin et Paris avaient eux aussi appelé Ankara, respectivement, à agir de façon « proportionnée » et à « manifester davantage de retenue ».
En réponse, la Turquie a exigé mardi que ses alliés, États-Unis en tête, « cessent tout soutien » aux combattants des YPG qu’elle considère comme terroristes.
Les Forces démocratiques syriennes (FDS), coalition dominée par les YPG, ont elles affirmé mardi concentrer leurs efforts sur une « désescalade ».
par: Arab Observer