La Turquie décide à transférer l’affaire Jamal Khashoggi à l’Arabie saoudite

La Turquie a décidé d’en finir avec l’affaire Jamal Khashoggi, le procureur du tribunal d’Istanbul, devant lequel se tient le procès par contumace de 26 ressortissants saoudiens accusés d’avoir assassiné et démembré le journaliste saoudien, a demandé jeudi 31 mars à « clore » le dossier et à le transférer à l’Arabie saoudite.

Le procureur du tribunal a ajouté que Riyad « s’est également engagé à examiner les charges retenues contre les vingt-six accusés, si l’affaire lui est déférée ».

Le tribunal a déclaré qu’il demanderait l’avis du ministère de la Justice sur cette demande et a également fixé la date de la prochaine session au 7 avril.

Une demande aussitôt qualifiée de « terrible nouvelle » par l’association Reporters sans frontières à Istanbul, qui assure qu’elle répond à une requête de l’Arabie saoudite « déposée le 13 mars dernier ». Selon l’agence de presse privée DHA, le procureur a défendu sa position en faisant valoir que « l’affaire traîne parce que les ordres de la cour ne peuvent être exécutés, les accusés étant des ressortissants étrangers ».

Sur Twitter, la fiancée de Jamal Khashoggi, Hatice Cengiz, a souligné que le procureur suivait ainsi les autorités saoudiennes : « A l’audience d’aujourd’hui, le procureur a demandé, conformément à la demande saoudienne, le transfert du dossier en Arabie saoudite et sa finalisation en Turquie », a-t-elle écrit.

Dans un entretien récent, Hatice Cengiz exhortait la Turquie, son pays, à « insister pour que justice soit faite » et à ne pas renoncer au profit d’un rapprochement avec Ryad. Le procès de 26 ressortissants saoudiens accusés par la Turquie d’avoir assassiné Jamal Khashoggi s’était ouvert devant le tribunal d’Istanbul en juillet 2020, en l’absence des intéressés. La prochaine audience reste pour l’heure programmée pour le 7 avril.

Le journaliste saoudien de 59 ans, détracteur du pouvoir de la famille royale saoudienne et collaborateur du Washington Post, a été assassiné et son corps découpé le 2 octobre 2018 à l’intérieur du consulat d’Arabie saoudite à Istanbul, où il s’était rendu pour obtenir un document, selon la Turquie. Ce jour-là, Hatice Cengiz l’attendait dans la rue, devant les locaux. Mais Jamal Khashoggi n’a jamais réapparu et ses restes n’ont jamais été retrouvés.

Dans un entretien télévisé ce jeudi matin, le ministre turc des Affaires étrangères Mevlüt Cavusoglu a reconnu que des étapes importantes vers la normalisation des relations avec l’Arabie saoudite sont en cours. La coopération judiciaire a atteint un meilleur niveau, a-t-il ajouté.

Ankara, en proie à une crise économique et à une inflation au plus haut depuis vingt ans (près de 55% sur les douze derniers mois), cherche depuis plusieurs mois un rapprochement avec Riyad. Le président turc, Recep Tayyip Erdogan, a annoncé début janvier une visite imminente en Arabie saoudite, qui n’a pas encore eu lieu. Le procès s’était ouvert devant le tribunal d’Istanbul en juillet 2020. La prochaine audience reste pour l’heure programmée le 7 avril.

par: Arab Observer

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