L’armée israélienne entre dans Khan Younès, l’ONU met en garde contre un scénario encore plus infernal

L’armée israélienne a dit mardi être aux prises avec le Hamas dans Khan Younès, grande ville du sud de la bande de Gaza assiégée, où l’ONU redoute un « scénario infernal » pour les civils, confinés dans un périmètre de plus en plus réduit.

« Nous sommes au coeur de Jabaliya, au coeur de Choujaïya (deux localités du nord de Gaza) et désormais aussi au coeur de Khan Younès », a affirmé mardi le général israélien Yaron Finkelman, chef du Commandement Sud, estimant qu’il s’agit du « jour le plus intense depuis le début de l’offensive terrestre » israélienne.

« La terre a tremblé à Khan Younès et Jabaliya », a lancé le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu. « Aujourd’hui, nous avons agi avec une puissance immense », s’est-il félicité.

Engagée depuis le 27 octobre dans une offensive terrestre contre le mouvement islamiste palestinien dans le nord de la bande de Gaza, l’armée a étendu ses opérations au sol à l’ensemble du territoire, près de deux mois après le début de la guerre déclenchée par l’attaque du Hamas contre Israël.

Depuis la reprise des combats le 1er décembre à l’expiration d’une trêve de sept jours, l’armée a resserré l’étau sur le sud de Gaza, où des centaines de milliers de civils venus se réfugier lors de la première phase de la guerre sont désormais contraints de fuir sur quelques kilomètres pour tenter d’échapper aux bombes et aux combats.

Plus tôt, le responsable de l’Organisation mondiale de la santé (OMS) dans les territoires palestiniens occupés, le Dr Richard Peeperkorn, s’inquiétait lui que « la situation empire d’heure en heure » à Gaza.

« Nous sommes proches de l’heure la plus sombre de l’humanité », a-t-il affirmé.

À pied, à moto, entassés dans des charrettes ou leurs bagages empilés sur le toit de leur voiture, de nombreux civils ont continué de fuir mardi Khan Younès, nouvel épicentre de la guerre, vers la ville voisine de Rafah, encore plus au sud, près de la frontière fermée avec l’Egypte, selon des images de l’AFP.

La nuit précédente, des témoins avaient rapporté à l’AFP des frappes aériennes et des tirs d’artillerie dans le secteur de Khan Younès et de Rafah ainsi qu’à Deir al-Balah, plus au nord, après le déploiement lundi de dizaines de chars et de bulldozers israéliens dans le sud de Gaza.

Les frappes de la nuit ont fait des dizaines de morts dans la bande de Gaza, selon le Hamas. Un bombardement a fait notamment 25 morts dans une école de Khan Younès abritant des déplacés, selon le ministère de la Santé du Hamas.

L’armée israélienne largue chaque jour sur la ville des tracts avertissant de l’imminence d’un bombardement, ordonnant aux habitants de quitter leur quartier. Mais l’ONU a jugé « impossible » de mettre en oeuvre des zones sécurisées telles que désignées par Israël.

Mardi, de nouvelles scènes de chaos se sont répétées à l’hôpital Nasser de Khan Younès, le plus grand du sud de la bande de Gaza, où des patients sont soignés à même le sol.

Sous les sirènes des ambulances, des blessés étaient transportés, parfois allongés dans de simples remorques ou portés par leurs proches, selon des images .

Selon l’agence de l’ONU pour les réfugiés palestiniens (Unrwa), l’hôpital, à court de personnel et de fournitures, abrite plus de 1.000 patients et 17.000 déplacés.

« Un scénario encore plus infernal est sur le point de se réaliser, auquel les opérations humanitaires ne pourront peut-être pas répondre », a averti la coordinatrice humanitaire de l’ONU pour les Territoires palestiniens, la Canadienne Lynn Hastings.

Jan Egeland, secrétaire général du Conseil norvégien pour les réfugiés (NRC), a lui affirmé que « l’anéantissement de Gaza figure désormais parmi les pires attaques de notre époque à l’encontre de populations civiles ».

Selon le ministère de la Santé du Hamas, 16.248 personnes, à plus 70% des femmes et enfants et adolescents, ont été tuées depuis le début des bombardements israéliens sur la bande de Gaza le 7 octobre.

En Israël, l’attaque menée par des commandos du Hamas infiltrés depuis Gaza a fait 1.200 morts, en majorité des civils, selon les autorités.

En représailles, Israël a déclaré la guerre au Hamas et promis de détruire le mouvement islamiste au pouvoir dans la bande de Gaza depuis 2007.

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