L’armée syrienne prend le contrôle de Maaret al-Noomane
L’armée syrienne a annoncé mercredi avoir repris la ville stratégique de Maaret al-Noomane, après des semaines de bombardements sur une région du nord-ouest de la Syrie, où 11 civils ont été tués.
Deuxième ville de la province d’Idleb, vidée de ses habitants par les bombardements, Maaret al-Noomane occupe une position stratégique sur l’autoroute M5, reliant Alep, grande ville du nord, à Damas, que le pouvoir de Bachar al-Assad cherche à sécuriser.
Après avoir repris la veille Maaret al-Noomane, l’armée syrienne y mène mercredi des opérations de ratissage.
Dix civils ont été tués dans des raids russes sur le village de Kafrlata, dans le sud d’Idleb, selon l’Observatoire syrien des droits de l’Homme (OSDH). Un onzième civil a péri dans une frappe du régime près de la ville de Saraqeb, au nord de Maaret al-Noomane.
Le régime avance vers le sud de Saraqeb et a repris dans cette zone cinq localités, indique l’OSDH, qui précise que les combats continuent aussi à l’ouest d’Alep.
Malgré un cessez-le-feu déclaré le 12 janvier, les combats se poursuivent dans le nord-ouest de la région. Ils ont causé depuis début décembre la fuite de 388.000 personnes, selon l’ONU.
Au total, depuis le 24 janvier, le régime a repris 30 localités dans le sud d’Idleb, d’après l’OSDH. Mercredi matin, l’armée a annoncé dans un communiqué la reconquête de Maaret al-Noomane.
Echappant au régime depuis fin 2012 et ancien épicentre du soulèvement, la ville comptait encore récemment environ 150.000 habitants.
Mais après des semaines de bombardements meurtriers, elle est aujourd’hui quasi-déserte, selon l’OSDH.
Depuis vendredi, plus de 75.000 personnes ont fui leur foyer dans les secteurs de Maaret al-Noomane, d’Ariha et de Saraqeb, selon l’OSDH.
Depuis des mois, le régime affiche sa détermination à reconquérir l’intégralité d’Idleb.
Une grande partie de la province et des secteurs attenants des provinces d’Alep, Hama et Lattaquié sont dominés par les terroristes de Hayat Tahrir al-Cham, l’ex-branche syrienne d’Al-Qaïda. La région abrite aussi d’autres groupuscules terroristes et diverses factions de l’opposition armée affaiblies.
Si le pilonnage aérien à Idleb s’est estompé mercredi selon l’OSDH, les combats se poursuivent dans l’ouest d’Alep, où les troupes du régime ont progressé, a indiqué l’agence officielle Sana.
Face à ces avancées, la Turquie, parrain de certains rebelles, a accusé la Russie, alliée de Damas, de ne pas respecter des accords conclus avec Ankara, le cessez-le-feu étant resté lettre morte.
« Malheureusement, à l’heure actuelle, la Russie ne respecte pas ces accords », a fustigé le président turc Recep Tayyip Erdogan.
L’ONU a déploré le lourd tribut payé par la population civile à l’offensive du régime.
Les combats « doivent cesser », a déclaré mercredi au Conseil de sécurité de l’ONU le secrétaire général adjoint pour les Affaires humanitaires des Nations unies, Mark Lowcock, mettant en garde contre l’aggravation d’une « catastrophe humanitaire ».
« Des violences quasi-quotidiennes continuent d’impacter les civils et les infrastructures civiles, notamment des écoles et des installations médicales », a indiqué David Swanson, un porte-parole du Bureau de coordination des affaires humanitaires des Nations Unies (Ocha).
La province a déjà été le théâtre d’une offensive d’envergure entre avril et août 2019 ayant tué près d’un millier de civils et déplacé plus de 400.00 personnes, selon l’OSDH.
S’il parvenait à reconquérir la totalité de cette région, où vivent environ trois millions de personnes, le régime contrôlerait la quasi totalité du pays, hormis les zones tenues par les Kurdes ou les forces turques et leurs supplétifs syriens dans le nord.
Le conflit en Syrie, déclenché en mars 2011 avec la répression de manifestations prodémocratie par Damas, a fait plus de 380.000 morts et des millions de déplacés et réfugiés.
En déplacement à Damas, l’émissaire de l’ONU pour la Syrie, Geir Pedersen, a rencontré mercredi le chef de la diplomatie Walid Mouallem pour discuter du processus visant à trouver une solution politique au conflit, selon le ministère syrien.