Les Tunisiens commémorent le huitième anniversaire de l’assassinat de Chokri Belaid
Plusieurs milliers de manifestants se sont rassemblés samedi à Tunis, malgré le déploiement de policiers anti-émeutes pour bloquer l’accès au centre de la capitale pour commémorer le huitième anniversaire de l’assassinat du dirigeant tunisien Chokri Belaid, et dénoncer les violences policières .
Des politiques, des activistes de la société civile et des citoyens tunisiens sont venus de tous bords pour saluer la mémoire de cet orateur à l’éloquence puissante qu’était Chokri Belaid et pour crier haut et fort leur soif de vérité et leur détermination à lever le voile sur cet assassinat politique et sur toutes les parties impliquées.
Soutenu par le puissant syndicat UGTT, ce rassemblement est le plus important depuis des années en Tunisie, où une partie de la population craint une remise en cause des acquis de la « révolution de jasmin » de janvier 2011, déclencheur du « printemps arabe ». « J’ai vécu 10 ans de liberté (…) je ne suis pas prêt à la perdre », a dit Haytem Ouslati, un manifestant de 24 ans, au milieu d’une foule scandant son refus de la peur et proclamant que « la rue appartient au peuple ».
Les manifestants ce samedi s’en sont pris en particulier au parti islamiste modéré Ennahdha, pilier des coalitions successives depuis le renversement de Zine ben Ali en 2011, reprenant le slogan scandé 10 ans plus tôt: « Le peuple veut la chute du régime ». L’assassinat de Chokri Belaïd le 6 février 2013, attribué à un cellule islamiste radicale, avait déclenché une crise politique et entraîné de vastes manifestations au cours desquelles Ennahdha avait déjà été pris pour cible.
Pour la première fois depuis plusieurs semaines et le réveil de la contestation face à la persistance des difficultés économiques et de la paralysie politique, l’Union générale tunisienne du travail (UGTT), forte de plusieurs centaines de milliers d’adhérents, a apporté son soutien à cette manifestation. « Aujourd’hui est un cri d’alarme pour défendre la révolution, pour protéger les libertés menacées », a dit Samir Cheffi, secrétaire général adjoint du syndicat.
Les récentes manifestations, parfois émaillées d’affrontements et d’émeutes, visaient à l’origine à dénoncer les inégalités mais elles portent de plus en plus sur les arrestations et les soupçons de maltraitance des personnes interpellées, rejetés par le ministère de l’Intérieur.
Tous ont proféré des slogans condamnant les crimes odieux et d’autres exprimant loyauté envers les martyrs.
« Nous n’accepterons pas que la Tunisie devienne une caserne. Nous demandons au président d’intervenir et de protéger les libertés », a dit une manifestante.
Les manifestations de samedi interviennent dans un contexte de troubles sociaux et politiques en Tunisie, sur le plan politique, la crise a récemment éclaté entre la présidence de la république d’une part, et les présidences du parlement et du gouvernement d’autre part.
par: Arab Observer