L’Autorité palestinienne perd sa légitimité et tend vers l’autoritarisme
Depuis la mort du militant palestinien Nizar Banat le 24 juin à Ramallah, la Cisjordanie a été le théâtre de manifestations continues contre le président de Mahmoud Abbas, entrecoupées d’affrontements avec les forces de sécurité et d’appels au départ du président de l’Autorité palestinienne Mahmoud Abbas.
Des centaines de manifestants se sont rassemblés samedi à des centaines de mètres de la présidence palestinienne, où de nombreux policiers ont été déployés pour la protéger, certaines routes ont également été fermées pour empêcher l’arrivée de manifestants d’autres villes. Mais les autorités ont eu recours à la violence dès les premières manifestations, réprimant les manifestations par la force, arrêtant des militants et intimidant des journalistes.
Ils étaient environ 500 membres des forces de sécurité, si ce n’est plus, vêtus en civils, à attaquer les manifestants et à les frapper, armés de gaz lacrymogène et de bâtons.
Arrestations d’opposants, manifestations violemment écrasées après la mort suspecte d’un activiste… Ces dernières semaines, le pouvoir à Ramallah veut faire taire toute opposition.
Les derniers rapports rédigés par les différends services de renseignement israéliens concernant l’avenir de l’autorité palestinienne, qui gère la Cisjordanie sous tutelle israélienne, sont très pessimistes. Le pouvoir de Mahmoud Abbas, âgé aujourd’hui de 85 ans et à la tête de l’autorité palestinienne depuis plus de 15 ans, fait face depuis des semaines à une contestation populaire très forte.
Il faut dire que le président de l’autorité s’est complétement isolé à Ramallah entouré de cadres fidèles du Fatah. «Ils se sont complétement coupés du peuple et ne pensent qu’à se faire de l’argent, alors que la majorité de la population souffre de pauvreté et de dénuement », estime un ancien haut responsable du Fattah, en rupture de ban avec son mouvement.
Les derniers développements ont montré le visage d’un régime autoritaire, népotique et surtout très impopulaire, estime des analystes, l’assassinat de l’opposant politique Nizar Banat ainsi que les exactions commises contre les manifestants par les miliciens du Fattah ont fait réagir le porte-parole du département d’État américain, Ned Price, qui s’est dit être « profondément perturbé » par les méthodes de ces agents en civils infiltrés dans les manifestations.
Cette position américaine a constitué un message clair à Mahmoud Abbas, qui cherche à revenir sur le front diplomatique, après les relations tendues avec la Maison Blanche sous l’ère Trump, et à un moment où son image a été encore plus dégradée après l’émergence du Hamas en tant que un défenseur de Jérusalem lors de la récente confrontation avec l’armée israélienne.