Le bilan des morts en Inde contre une loi sur la citoyenneté s’élève à 21 morts
Les manifestations ont débuté il y a dix jours contre la loi sur la citoyenneté qui est jugée comme discriminatoire à l’égard des musulmans.
Des milliers de personnes se sont rassemblées samedi dans plusieurs villes indiennes pour protester contre la nouvelle loi sur la citoyenneté, qui provoque une inquiétude grandissante dans le pays et des troubles qui ont fait vingt et un morts à ce jour.
Ces nouvelles manifestations ont débuté samedi à Chennai, la capitale de l’Etat du Tamil Nadu (sud) et à Patna, dans l’Etat de Bihar (est), où trois manifestants ont été blessés par balles, selon la police. Un rassemblement était également en cours à New Delhi, où les manifestants brandissaient au crépuscule leurs téléphones portables allumés, comme s’il s’agissait de torches, devant la plus grande mosquée indienne, Jama Masjid.
Un manifestant est mort samedi dans des heurts avec les forces de l’ordre à Rampur, dans l’Etat de l’Uttar Pradeh (nord), a indiqué la police.
Ces nouveau rassemblements interviennent au lendemain de manifestations qui ont dégénéré vendredi dans l’Uttar Pradesh, tuant onze personnes, dont un enfant de 8 ans, piétiné lors d’une bousculade dans la ville sainte hindoue de Varanasi, dans le même Etat, a indiqué le chef de la police du district, Prabhakar Chaudhary.
Les manifestations ont débuté il y a dix jours contre la loi sur la citoyenneté qui est jugée comme discriminatoire à l’égard des musulmans. Adoptée le 11 décembre par le parlement indien, elle facilite l’obtention de la citoyenneté indienne par les réfugiés d’Afghanistan, du Bangladesh et du Pakistan, à l’exception des musulmans.
L’Uttar Pradesh est avec quelque 200 millions d’habitants – dont 20% de musulmans – le plus peuplé des Etats de l’Inde. Douze des 21 victimes enregistrées depuis le début de la vague de contestation ont été tuées en Uttar Pradesh.
«Quand la police a tenté de réprimer les protestations, les gens ont commencé à courir pour se protéger et une bousculade s’en est suivie, où l’enfant a péri», a expliqué un responsable local de la police, Prabakar Chaudhary, à propos de l’incident survenu à Varanasi. La police a «fait preuve d’une totale retenue face à des manifestants qui les attaquaient avec des jets de pierres», a-t-il assuré.
L’opposition politique a dénoncé pour sa part une «répression brutale» des manifestants par le pouvoir nationaliste hindou. La police a érigé des barrages samedi le long de l’avenue de Jantar Mantar, dans le centre de Delhi, devenue ces dernières années un haut lieu de la contestation.
Les autorités s’efforcent de contenir le mécontentement par l’imposition de lois d’urgence, en bloquant les accès à internet ou en fermant des commerces ou restaurants dans les endroits les plus sensibles du pays.
Mais la police a également fait usage de ses armes, de gaz lacrymogènes et chargé les manifestants à l’aide de matraques. Des centaines de personnes ont été interpellées.
Les opposants à la loi controversée assurent qu’ils ne baisseront pas les bras tant que la loi sur la citoyenneté n’aura pas été révoquée.
Vendredi soir dans le vieux quartier de Delhi, un journaliste sur place a pu voir des manifestants, dont des enfants, être interpellés et frappés par la police. Les protestataires scandaient des slogans hostiles à Narendra Modi, le Premier ministre indien, jetant des pierres contre les forces de l’ordre.
La plupart des personnes interpellées ont été relachées, a annoncé la police samedi .