Le gouvernement soudanais abroge une loi restreignant les droits des femmes
Le gouvernement soudanais a annulé une loi controversée ayant restreint sévèrement les droits des femmes pendant les 30 ans du régime du président déchu Omar el-Béchir, a rapporté l’agence officielle Suna.
Des milliers de femmes ont été fouettées, condamnées à des amendes et même emprisonnées pendant le règne de Béchir en vertu de la loi sur l’ordre public pour « actes indécents et immoraux ».
« Le Conseil des ministres a convenu lors d’une réunion extraordinaire (mardi) d’annuler la loi sur l’ordre public dans toutes les provinces », a rapporté Suna.
La décision du cabinet doit encore être ratifiée par le Conseil souverain au pouvoir.
Sous Omar el-Béchir, arrivé au pouvoir en 1989 par un coup d’Etat soutenu par les islamistes, le Soudan a appliqué une version très rigoriste de la charia, la loi islamique, et limité considérablement le rôle des femmes dans le pays pendant des décennies.
Des milliers de Soudanaises ont été condamnées à de lourdes amendes et flagellées, pour « tenue indécente » ou consommation d’alcool, selon des membres de la société civile.
Béchir a été destitué par l’armée le 11 avril après des mois de protestations contre son régime.
Les femmes étaient à l’avant-garde de ces manifestations ayant conduit à l’éviction du l’ex-président, puis contre les militaires lui ayant succédé.
Les militants affirment que la loi sur l’ordre public a été utilisée comme une arme, et selon les organisations de défense des droits de l’homme, le régime d’al-Béchir a utilisé la loi sur l’ordre public comme une arme contre les femmes, d’autant plus que les forces de sécurité ont arrêté des femmes pour les raisons les plus triviales, comme assister à des fêtes privées ou porter des pantalons.
Le nouveau gouvernement soudanais dirigé par le Premier ministre Abdallah Hamdok a promis qu’il défendrait les droits des femmes.
Des centaines de Soudanaises ont manifesté lundi à Khartoum à l’occasion de la Journée internationale pour l’élimination de la violence contre les femmes, premier rassemblement de ce genre au Soudan depuis des décennies.