Le grand ayatollah Sistani: Les forces de l’ordre doivent protéger les contestataires

Le grand ayatollah Sistani, figure tutélaire de la politique irakienne, a condamné vendredi les attaques des partisans du leader chiite Moqtada Sadr contre des manifestants antipouvoir, exhortant les forces de l’ordre à protéger les contestataires.
Huit manifestants antipouvoir ont été tués cette semaine lors d’affrontements avec les sadrites, leurs anciens alliés.

Après avoir réclamé la chute du pouvoir, les sadristes soutiennent désormais le Premier ministre désigné Mohammed Allawi, issu du même système que la rue veut mettre à bas.
Le manifestant tué à al-Hilla et les sept autres à Najaf, ville sainte chiite où siège le grand ayatollah Sistani, sont des événements « regrettables et douloureux dans lesquels le sang précieux a été versé injustement », a-t-il estimé dans un sermon lu par son représentant à Kerbala, l’autre ville sainte chiite d’Irak. Les forces de sécurité, a-t-il ajouté, sont « indispensables » pour empêcher le pays de « tomber dans le chaos » et « rien ne justifie qu’elles cessent de faire leur devoir », a-t-il poursuivi. Il faisait référence au récent appel de Moqtada Sadr à ses partisans –surnommés les « casquettes bleues »– afin qu’ils fassent rouvrir écoles et administrations fermées par la désobéissance civile, se substituant de fait aux forces de l’ordre.
Depuis le début le 1er octobre d’une révolte inédite, près de 490 personnes ont été tuées et 30.000 blessées, en majorité des manifestants.
Le grand ayatollah Sistani a déjà dénoncé la répression des forces de l’ordre. Mais aujourd’hui, les manifestants qui se disent sous la menace d’un nouvel ennemi accusent les forces de sécurité de ne pas les protéger.
Sur la place Tahrir de Bagdad, épicentre de la « révolution d’octobre », Ali, un manifestant, a dit apprécier le soutien du dignitaire chiite de 89 ans. « J’ai écouté le sermon et il a été clair: il n’accepte que les forces régulières, pas les casquettes bleues ou autres » groupes.
A Diwaniya, dans le Sud également en révolte, Mohammed Boulani, estime que le grand ayatollah Sistani est désormais « le seul qui soutient nos revendications et nous défend ». « Il ne faut absolument pas qu’on perde ce soutien parce que tous les autres essayent d’en finir avec nous », assure encore ce manifestant de 26 ans. Les protestataires sont aujourd’hui, dit-il, à la merci « des partis politiques, des milices et des groupes armés illégaux » en Irak.
Depuis le 1er octobre, l’Etat irakien assure ne pas pouvoir identifier les assaillants qui ont tué, enlevé, intimidé des centaines de manifestants, alors que l’ONU pointe du doigt des « milices » dans un pays où les factions armées pro-Iran n’ont cessé de gagner en influence.

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