Le mouvement tunisien Ennahdha mobilise les Partis pour affronter Fakhfakh
La position d’Ennahda sur le parti Du Cœur de la Tunisie dirigé par Nabil Karoui a été inversée après qu’il s’est engagé à ne pas s’allier avec Karoui.
Le porte-parole d’Ennahdha, Imed Khemiri a déclaré lundi qu’en ce qui concerne la signature du « Document contractuel du programme gouvernemental » de Fakhfakh , Ennahdha veut éviter les généralités pour se concentrer sur les détails et les mécanismes intéressant chaque parti. « La signature du Document n’est pas une fin en soi ». Le plus important, selon lui, est de focaliser sur le soutien politique au gouvernement, sa composition, sa structure et la garantie de sa réussite.
Dans une déclaration donnée aux médias, lundi soir, au parlement, Khemiri a indiqué que les conditions à réunir sont les suivantes: garantir un fort soutien politique au gouvernement qui n’exclut personne, excepté celui qui s’exclut lui-même.
Ennahda a commencé à mobiliser le reste des parties pour faire pression sur Fakhfakh après qu’il n’ait pas réussi à le convaincre de la nécessité d’impliquer le cœur de la Tunisie dans les consultations.
Ennahdha maintient sa position pour que le cœur de la Tunisie participe au gouvernement et a demandé à Elyes Fakhfakh, chargé de former le gouvernement, de respecter la représentation des partis à l’issue des élections législatives, a-t-il dit.
Sur le changement de la position d’Ennahdha par rapport à la participation du cœur de la Tunisie au gouvernement de Habib Jemli (qui n’a pas obtenu le vote de confiance du parlement), Khemiri a répondu que « le contexte est différent ».
Ennahdha, a-t-il précisé, n’est plus dans la phase du parti sorti majoritaire aux élections législatives et est chargé par le président de former le gouvernement. Nous en sommes à l’étape où le président de la République charge la personnalité jugée la plus apte en vue de former un gouvernement, argumente-t-il.
Il faut tirer les conclusions qui s’imposent, dit-il. L’expérience précédente n’ayant abouti à aucun résultat et exige d’interagir avec le gouvernement d’union nationale. Le conseil de la Choura est en état de réunion permanente et suit l’évolution des concertations autour de la formation du gouvernement, a ajouté Imed Khemiri.
Lorsque le processus de concertation sera plus complet, Ennahdha décidera si elle votera ou non la confiance au gouvernement, a-t-il conclu.
Le Conseil national du parti cœur de la Tunisie a appelé également Fakhfakh, le chef de gouvernement désigné et le président de la République à « assumer leurs responsabilités et de former un gouvernement d’union nationale et à renoncer à la démarche d’exclusion ».
« Les répercussions de cette approche seront graves pour le pays », a-t-il estimé, notant que « pour sauver la Tunisie le plus tôt possible, toutes les parties, y compris le cœur de la Tunisie , doivent s’asseoir à même table ».
Il a rappelé que son parti avait averti que « cette démarche est erronée » et conseillé « de revenir à la légitimité électorale », et à la parole du peuple tunisien dans le choix de ses représentants, y compris le cœur de la Tunisie qui « est au cœur de l’équation politique », et dont il faut tenir compte « loin des calculs étroits basés sur la division, pas sur le rassemblement ».
« Il est devenu clair que gouvernement n’a pas un réel soutien politique, de sorte que le document soumis par le chef du gouvernement à ses soutiens politiques éventuels est rejeté par les partis parce qu’il ne repose pas sur la base de l’union nationale », a-t-il fait valoir.
Ennahdha a affirmé, ce lundi, qu’il ne signera pas le document contractuel proposé aux partis politiques concernés par les concertations autour de la formation du gouvernement.
Les observateurs affirment qu’Ennahda cherche à reproduire une politique de consensus qui garantit une faible opposition au sein du parlement et lui permet de poursuivre sa politique de gouvernement en coulisses et de se soustraire à la responsabilité.