Le Parlement israélien adopte en première lecture une mesure clé de la réforme judiciaire
Le Parlement israélien a adopté dans la nuit de lundi à mardi en première lecture une clause clé de la réforme judiciaire controversée. Celle-ci vise à annuler la possibilité pour la justice de se prononcer sur « le caractère raisonnable » des décisions du gouvernement.
Le texte a été adopté en première lecture par 64 voix pour, correspondant aux députés de la coalition gouvernementale, lors d’une séance agitée. Les 56 députés de l’opposition ont tous voté contre.
Ce texte, s’il est adopté définitivement, après deuxième et troisième lecture, servira à empêcher la Cour suprême de se pencher sur le caractère « raisonnable » des décisions du gouvernement. Cette mesure « affaiblit la démocratie », réagit l’opposition. Au contraire, elle la « renforce » assure le Premier ministre, Benyamin Netanyahu.
L’affrontement dure depuis le début de l’année au sujet de la réforme judiciaire. Israël est divisé et deux visions de l’État se confrontent et la fracture est profonde. Pourquoi et comment ? Voici un bref résumé de la situation traversée par Israël ces derniers mois.
D’un côté, il y a un Premier ministre, Benyamin Netanyahu, et sa coalition de partis religieux et de l’extrême droite, déterminés à mener une réforme de la Justice. « Elle est nécessaire » répètent-ils. De l’autre, il y a l’opposition, soutenue par la rue. Des centaines de milliers de personnes ont manifesté toutes les semaines, parfois tous les jours, pour bloquer ce projet controversé.
À contestation inédite, pression inédite. En mars, la situation est insoutenable. Le pays est bloqué, le gouvernement lève le pied et la réforme est suspendue. On fait une pause, on discute, c’est un dialogue de sourds. Aucun résultat ne s’en dégage. La machine est remise en route. « Comme des voleurs dans la nuit, le gouvernement a voté l’annulation de la clause de raisonnabilité », réagit ce mardi matin le chef de l’opposition Yaïr Lapid.
Pour lui, c’est une mesure « antidémocratique ». Elle affaiblit la Cour suprême, au profit d’un gouvernement, qui rêve de se doter des pleins pouvoirs. « La lutte n’est pas terminée » dit-il. L’aéroport, les autoroutes, les villes… C’est une journée de blocage national. Le pays s’arrête une nouvelle fois pour dire « non » à cette réforme.