Le permanence du grève et des tensions en France sur la réforme des retraites

Au onzième jour de grève dans les transports, le gouvernement et les syndicats ont à nouveau fait valoir dimanche leurs positions divergentes sur la réforme des retraites. Si une nouvelle journée de manifestations est prévue mardi, c’est surtout la poursuite du mouvement pendant la période des fêtes qui est dans toutes les têtes.

Le ton monte entre les principaux acteurs de la contestation du projet de réforme des retraites au onzième jour de grève dans les transports, à l’avant-veille d’une journée de manifestations à l’appel de l’ensemble des syndicats.

La situation reste très perturbée dimanche 15 décembre dans les transports, et le débat de fond sur les retraites risque d’être parasité par la mise en cause ces derniers jours du haut-commissaire aux Retraites, Jean-Paul Delevoye. Fragilisé par des soupçons de conflits d’intérêts après des omissions dans sa déclaration d’intérêts, ce dernier a rectifié samedi ce document et déclaré 13 mandats dont 11 bénévoles, selon Le Monde.

Jean-Paul Delevoye a reçu samedi le soutien du Premier ministre Édouard Philippe, éloignant au moins temporairement l’incertitude qui planait sur une éventuelle démission.

De plus en plus inquiet de ne pas voir assez de trains circuler à Noël, le chef du gouvernement a sévèrement critiqué dans l’édition dominicale du Parisien les grévistes, qui provoquent de très importantes perturbations dans les transports.

« Noël, c’est un moment important. Il faudra que chacun prenne ses responsabilités. Je ne crois pas que les Français accepteraient que certains puissent les priver de ce moment », déclare Édouard Philippe. Le Premier ministre ajoute qu’il ne dirait « pas que tout le pays est en grève. Ce n’est pas un blocage total. »

Les cheminots grévistes ont déjà annoncé qu’ils n’envisageaient pas de « trêve » pour les fêtes de fin d’année. « Si le gouvernement veut que le conflit cesse avant les fêtes, il a toute la semaine prochaine pour prendre la décision de bon sens qui s’impose : le retrait de la réforme par points », a déclaré Laurent Brun, secrétaire général de la CGT-Cheminots.

Élément clé du passage de la réforme dans l’opinion, le patron de la CFDT, Laurent Berger, est en outre sorti dimanche du silence qu’il observait depuis son coup de colère mercredi, après l’annonce d’une mesure d’âge dans le projet de réforme des retraites.

Édouard Philippe a annoncé la mise en place d’un « âge d’équilibre » à 64 ans. Cela signifie que chacun pourra continuer à partir à la retraite à 62 ans, mais au prix d’un malus sur sa pension, ceux partant après bénéficiant au contraire d’un bonus.

« C’est très simple : pour que la CFDT porte un autre regard sur ce projet de loi, le gouvernement doit accepter de retirer l’âge d’équilibre. Un point, c’est tout », déclare M. Berger au Journal du dimanche.

Il y répète que « cela n’a aucun sens » selon lui de conjuguer la transformation des 42 régimes de retraites existants en un système universel par points avec une mesure d’âge dont le but assumé est de faire des économies pour assurer l’équilibre financier du régime. Au point de ne pas exclure d’organiser un « rendez-vous en janvier » pour obtenir gain de cause, après la manifestation de mardi, en même temps que l’intersyndicale CGT-FO-Solidaires-FSU qui demande le retrait complet de la réforme.

En attendant, il laisse entendre qu’il accepte l’invitation de Matignon, avec la CFTC et l’Unsa, à une nouvelle concertation. M. Philippe la voulait « le plus tôt possible la semaine prochaine », le responsable syndical n’a pas précisé de date.

Il se dit enfin soucieux qu’il n’y ait « pas de blocage des transports à Noël ».

Le trafic restera très perturbé dimanche et lundi avec toujours un quart des TGV et un tiers des TER, la quasi-totalité des lignes de métro restant par ailleurs fermées. Lundi, le trafic sera « très réduit » à la RATP.

Le lendemain, cheminots, étudiants, employés de la fonction publique, professions de santé, avocats, magistrats, enseignants sont attendus dans la rue.

Très mobilisés depuis le début du conflit, ces derniers ont obtenu vendredi du gouvernement la garantie de revalorisation des salaires, pour environ 10 milliards d’euros sur plusieurs années, à partir du 1er janvier 2021.

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