Le Premier ministre soudanais annonce sa démission

Le Premier ministre soudanais, Abdallah Hamdok, a annoncé dimanche 2 janvier sa démission, moins de deux mois après être revenu au pouvoir dans le cadre d’un accord politique conclu avec les militaires, et après un coup d’État suivi d’une répression qui a fait 56 morts dans le pays.

« J’ai tenté de mon mieux d’empêcher le pays de glisser vers la catastrophe, alors qu’aujourd’hui il traverse un tournant dangereux qui menace sa survie (…) au vu de la fragmentation des forces politiques et des conflits entre les composantes (civile et militaire) de la transition. (…) Malgré tout ce qui a été fait pour parvenir à un consensus (…) cela ne s’est pas produit », a-t-il notamment argué. Il a ajouté qu’une réunion était nécessaire pour parvenir à un nouvel accord pour la transition politique du pays.

Alors que la rumeur ne cessait d’enfler et que la presse locale assurait qu’il ne se présentait plus à son bureau depuis des jours, Abdallah Hamdok a jeté l’éponge, expliquant longuement sur la télévision d’État avoir tout tenté mais avoir finalement échoué dans un pays dont la « survie » est selon lui « menacée » aujourd’hui.

Les différentes forces politiques du pays sorti en 2019 de trente années de dictature militaro-islamiste d’Omar el-Béchir sont trop « fragmentées », a-t-il dit, et les camps civil et militaire trop irréconciliables pour qu’un « consensus » vienne « mettre fin à l’effusion de sang » et donner aux Soudanais le slogan phare de la révolution anti-Béchir de 2019 : « Liberté, paix et justice ».

Détenu pendant un mois à son domicile, privé de soins médicaux essentiels, soumis à d’incessantes intimidations, Abdallah Hamdok avait fini par céder aux pressions des responsables du putsch et feint de croire à la fiction d’un retour à la normale supposé « mettre fin au bain de sang » au Soudan, selon ses propres dires.

Ce sang versé était celui des manifestants réclamant avec ténacité, sous les balles, le retour de la démocratie dans les rues soudanaises, et qui croyaient à leur premier ministre, dont ils arboraient le portrait, jusqu’à sa « trahison » du 21 novembre.

Ce jour-là, son principal partenaire, le chef de l’armée, le général Abdel Fattah al-Burhane, l’a fait placer en résidence surveillée au petit matin. Et avec lui, la quasi-totalité des civils des autorités de transition, rompant brutalement l’attelage baroque de 2019.

Les militaires, de toute évidence, n’en ont pas la moindre intention, les libérations de prisonniers n’ont été que partielles. Certains organes qui inquiétaient l’état-major ont tout simplement été rayés de la carte, à commencer par le Comité de démantèlement de l’ancien régime, dont le but était d’identifier les responsables du régime Al-Bachir s’étant indûment enrichis en trente ans de dictature, ce qui incluait naturellement des officiers.

Peu de temps avant la démission d’Abdallah Hamdok, les prérogatives de l’ex-NISS, les services de renseignement (qui ont changé de nom dans l’intervalle), avaient été en partie réactivées. Les manifestants, eux, ont décrété que 2022 serait « l’année de la poursuite de la résistance ».

Les forces de l’ordre qui ont bloqué Internet et une partie des communications par téléphone portable, ont aussi coupé les ponts qui relient Khartoum à ses deux villes sœurs séparées par le Nil (Omdourman et Bahri). Les hommes en uniforme continuent de tirer sur les manifestants.

Depuis le coup d’Etat, on a compté 54 morts et des centaines de blessés. Désormais, les forces de sécurité empêchent aussi les ambulances de circuler pour secourir les victimes.

par: Arab Observer

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