Le président irakien Barham Saleh a promis des élections anticipées
Le président irakien Barham Saleh a promis jeudi des élections anticipées après le vote d’une nouvelle loi électorale et affirmé que le Premier ministre conspué dans la rue serait prêt à démissionner si un remplaçant lui est trouvé.
Barham Saleh s’exprimait lors d’une allocution télévisée alors que le pays est en proie à un mouvement de contestation inédit qui réclame le départ de l’ensemble de la classe politique jugée inapte et corrompue. Les violences durant ce mouvement ont fait plus de 250 morts depuis le 1er octobre. Le président de la République a reçu ces derniers jours plusieurs hommes politiques et responsables pour s’accorder sur une réponse à la contestation.
Il a insisté sur une transition « dans le cadre constitutionnel et légal qui empêchera toute vacance constitutionnelle ». Le système politique irakien a été créé en 2003 du temps de l’invasion américaine du pays qui avait entraîné la chute du dictateur Saddam Hussein.
La Constitution, votée en 2005, prévoit que le Parlement peut, à son initiative ou à celle du président de la République, retirer sa confiance au Premier ministre. Le cas d’une démission n’est toutefois pas évoqué, alors qu’en 16 ans, aucun Premier ministre n’a quitté son poste avant la fin de son mandat de quatre ans.
Dans son allocution télévisée, Barham Saleh a dit que le Premier ministre Adel Abdel Mahdi « accepte de démissionner » si les blocs au Parlement se mettent d’accord sur un remplaçant. Quel que soit le sort de M. Abdel Mahdi, « je veux vous assurer qu’en tant que président de la République, j’approuverai la tenue d’élections anticipées dans le cadre d’une nouvelle loi électorale et sous la supervision d’une nouvelle Commission électorale », a déclaré Barham Saleh.
Cette nouvelle loi électorale doit être soumise au vote du Parlement « la semaine prochaine », selon lui. Sur la place Tahrir de Bagdad, épicentre de la contestation, le discours du président ne semble pas convaincre.
« Une démission d’Abdel Mahdi n’est qu’une partie de la solution. Le problème qu’on a, c’est avec tous les partis au pouvoir », a rétorqué à l’AFP Haydar Kazem, manifestant de 49 ans.
M. Abdel Mahdi s’était déjà dit mardi prêt à démissionner si les principaux blocs au Parlement – celui du leader chiite Moqtada Sadr et celui de Hadi al-Ameri, chef des paramilitaires pro-Iran du Hachd al-Chaabi – se mettaient d’accord sur un nouveau gouvernement et un nouveau Premier ministre. Mais les deux blocs divergent encore.
En vertu du système compliqué de répartition des postes en fonction des confessions et des ethnies en Irak, le poste de Premier ministre revient à un chiite. Mais dans un pays où l’Iran et les Etats-Unis veulent étendre leur influence, le Premier ministre doit aussi convenir aux deux puissances agissantes, elle-mêmes ennemies, selon les observateurs.