Le début d’une crise entre le président tunisien et son Premier ministre
Quand Kaïs Saïed, le président tunisien sermonne le chef du gouvernement Hichem Mechichi. En effet, cela fait couler beaucoup d’encre sur la toile. Certains ont souligné que personne ne veut être la place de Mechichi.
Polémique sur les récentes nominations à la Kasbah, accusations de corruption et menaces d’émettre un veto… Le président Kaïs Saïed et le chef du gouvernement Hichem Mechichi se livrent une bataille rangée, souvent dans l’ombre, mais toujours avec passion.
Le président tunisien critique, en effet, les nominations faites avant que la justice ait rendu son verdict. Par ses propos fracassants et son ingérence dans les décisions du chef du gouvernement, Saïed, l’homme de droit, viole la Constitution pour recadrer Mechichi. Tous les moyens se révèlent bons pour arriver à ses fins car le président Saïed semble ne pas pardonner à Mechichi ses liens avec Ennahdha, Qalb Tounes et Coalition Al Karama, en froid avec le chef d’État, pour faire passer son gouvernement. La rivalité entre les deux hommes rappelle les relations glaciales entre feu Béji Caïd Essebsi et l’ancien chef de gouvernement Youssef Chahed.
Réunis au Palais de Carthage pour discuter de la situation sécuritaire, économique et sociale du pays, l’entretien a tourné à l’humiliation. Le président tunisien n’est pas allé de mains mortes pour dénoncer la désignation de Taoufik Baccar et Mongi Safra, deux figures de l’ancien régime de Ben Ali, aux postes de conseillers économiques du chef du gouvernement, mais pas que… L’équipe de communication de Saïed s’est contentée de diffuser les hostilités du président sans accorder le droit de réponse à Mechichi.
La crise entre Carthage et la Kasbah s’étale désormais sur la place publique. Le nouveau chef du gouvernement, en poste depuis trois semaines, s’est également attiré les foudres des internautes. Alors que le pays traverse une crise économique, sociale et sanitaire sans précédent, Mechichi gâte les gouverneurs en leur accordant une importante majoration salariale ainsi que de nouveaux privilèges. Ces décisions et ses liens douteux avec la nouvelle troïka ne font pas l’unanimité et pour s’y remettre, Hichem Mechichi aurait programmé une réunion secrète avec ses alliés, Rached Ghannouchi et Nabil Karoui.
Faouzi Ben Abderrahmane, ancien ministre de l’Emploi de la Formation professionnelle, souligne que le président de la République se positionne comme le Chef de l’exécutif. Cela dit, malgré sa volonté de respecter la Constitution, il a endossé à la fois les deux casquettes de président de la République et de président du gouvernement.
Et de poursuivre: « Le président de la République Kaïs Saïed voulait faire un coup médiatique. A la place du président, je n’aurais pas fait subir d’humiliation en public. Entre temps, si Mechichi accepte, c’est parce que c’est le président de la République qui l’a nommé. A mon avis, Mechichi n’a pas d’ambition politique. Et c’est bien dommage pour lui, car il permet d’être mal traité ».
Et de conclure: « Ce que nous avons vu hier, c’est un professeur qui gronde son élève. Parce qu’il n’a pas fait ses devoirs correctement ».