Le président tunisien procède à un remaniement ministériel au sein du gouvernement

Le président tunisien Kaïs Saïed a procédé, samedi, à des remaniement ministériel partiel du gouvernement Ahmed Hachani et nommé deux nouveaux ministres et un nouveau secrétaire d’État.

Les ministres de l’Intérieur et des Affaires sociales ont été remplacés au pied levé dans la soirée du samedi 25 mai lors d’un remaniement ministériel surprise en Tunisie. Cette annonce fait suite à une vague d’arrestations dans la société civile faisant craindre un nouveau recul des libertés dans la jeune démocratie tunisienne.

Considérés comme des proches de Kais Saïed, le ministre tunisien de l’Intérieur, Kamel Feki, et le ministre des Affaires sociales, Malek Zahi, ont été limogés samedi, sans aucune explication. Le président tunisien a nommé Khaled Nouri au ministère de l’Intérieur et Kamel Madouri aux Affaires sociales.

Le président Kais Saïed a décidé de nommer Khaled Nouri au ministère de l’Intérieur, selon un communiqué de la présidence tunisienne, diffusé sans aucune explication, en remplacement de Kamel Feki, considéré jusque là comme un proche du chef de l’État.

Kamel Madouri, un technocrate, sera le nouveau ministre des Affaires sociales à la place de Malek Zahi, qui avait aussi l’oreille du président. En outre, un poste de secrétaire d’État a été créé au ministère de l’Intérieur, chargé de la sécurité nationale et confié à Sofiene Ben Sadok, selon le communiqué.

Ce remaniement a été décidé dans le sillage d’une vague d’arrestations qui a touché ces deux dernières semaines une dizaine de militants des droits humains, des avocats et des journalistes. L’Union européenne, les États-Unis et la France ont exprimé leurs « inquiétude » et « préoccupation », s’attirant les foudres du président Kais Saïed qui a dénoncé « une ingérence étrangère inacceptable ».

Vendredi, des centaines de manifestants, en majorité des jeunes, ont scandé « à bas la dictature » dans les rues de Tunis et dénoncé un retour à un « État policier » dans une allusion aux 23 ans de dictature de Zine El Abidine Ben Ali, renversé en 2011 par un mouvement populaire.

Mercredi, deux chroniqueurs connus à la radio et à la télévision, Borhen Bssaiss et Mourad Zeghidi, ont été condamnés à une lourde peine d’un an de prison, en vertu d’un décret loi punissant les « fausses nouvelles », après avoir été accusés d’avoir critiqué la situation socio-économique du pays.

Leur interpellation le 11 mai a coïncidé avec l’arrestation musclée dans les locaux du barreau de Tunis de l’avocate Sonia Dahmani, qui s’est vu reprocher d’avoir ironisé dans une chronique à la télévision sur la possibilité que les migrants subsahariens aient envie de s’installer durablement en Tunisie, malgré la grave crise économique qui la frappe.

Deux jours plus tard, un autre avocat Mehdi Zagrouba a été emmené de force par la police et roué de coups, selon la Ligue tunisienne des droits de l’homme qui, avec l’Organisation mondiale de lutte contre la torture (OMCT), a demandé une expertise médico-légale sur « les sévices » que l’avocat dit avoir subis.

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