Le procureur général soudanais enquête sur les crimes commis au Darfour

Le procureur général soudanais, Tagelsir el-Heber, a ouvert une enquête sur les exactions commises par les anciens dirigeants du régime d’Omar el-Béchir. Le président déchu est visé de longue date par la Cour pénale internationale.

Une enquête sur les crimes commis au Darfour a été ouverte au Soudan contre les anciens dirigeants du régime soudanais, a annoncé dimanche 22 décembre le procureur général soudanais. Le président déchu est depuis longtemps dans le viseur de la Cour pénale internationale (CPI) pour des exactions commises lors de ce conflit sanglant.
« Nous avons débuté une enquête sur les crimes commis au Darfour à partir de 2003 », a déclaré Tagelsir el-Heber, qui s’exprimait devant la presse à son arrivée à Khartoum, après un déplacement aux Émirats.
Selon le parquet général, cette enquête, la première ouverte depuis la destitution, le 11 avril, du président Béchir à l’issue de 30 ans d’un régime autoritaire, visera d’anciens « responsables du régime ». Il n’a pas précisé leur identité.

Omar el-Béchir est l’objet de deux mandats d’arrêt internationaux émis en 2009 et 2010 par la CPI pour « génocide », « crimes contre l’humanité » et « crimes de guerre », dans le cadre du conflit au Darfour, région de l’ouest du Soudan où la guerre avec des rebelles a fait 300 000 morts et 2,5 millions de déplacés, selon l’ONU.
Malgré les nombreux appels à son extradition, l’ex-dictateur n’a jamais été renvoyé devant le tribunal de La Haye, où siège la CPI.
Arrivé au pouvoir après un coup d’État en 1989, Omar el-Béchir a été renversé le 11 avril par l’armée, après plusieurs mois d’un mouvement de contestation contre son régime qui a fait des dizaines de morts.
À la suite d’un accord conclu en août entre l’armée et la contestation, le pays est à ce jour dirigé par un gouvernement de transition, avec un Premier ministre civil et un Conseil souverain composé de civils et de militaires. Ce conseil est chargé de conduire le processus durant trois ans, avec des élections libres à la clé.
L’enquête soudanaise a été annoncée dimanche alors que le nouveau gouvernement a promis de pacifier les régions en conflit, dont le Darfour.

Mi-décembre, l’ex président Béchir a été condamné par un tribunal de Khartoum à deux ans dans une institution correctionnelle, pour « corruption ». Il pourrait avoir à répondre d’autres accusations devant la justice de son pays : il est notamment sous le coup d’un mandat d’arrêt pour son rôle dans le coup d’État de 1989 qui l’avait porté au pouvoir.
Dimanche, devant la presse, le procureur général soudanais a par ailleurs indiqué qu’une autre procédure avait été lancée contre Salah Gosh, l’ancien responsable des services de sécurité sous le régime d’Omar el-Béchir.
« Il y a quatre dossiers visant Salah Gosh et nous avons lancé une procédure pour le ramener (au Soudan) via Interpol », a déclaré le magistrat.
Salah Gosh, à la tête du redouté NISS, avait démissionné en avril, deux jours après le renversement d’Omar el-Béchir. Il se trouverait actuellement hors du Soudan.

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