Financement du terrorisme, les révélations qui accablent le Qatar

Al Subaiy, citoyen qatari, condamné pour financement du terrorisme, a pu pendant dix ans avoir accès à ses comptes gelés par le Conseil de sécurité des Nations Unies et prélever 10 000 euros par mois pour ses « frais personnels ».

Khalifa Al Subaiy, dans sa luxueuse demeure à Doha, Qatar.

C’est le Wall Street Journal qui avait déjà révélé le pot aux roses : « Les personnes inscrites sur la liste noire des Nations Unies Al-Qaïda et État islamique ont désormais accès à des comptes bancaires. Un financier terroriste de longue date reçoit 120 000 dollars par an pour ses « nécessités de base ».

Ce financier cité, n’est pas n’importe qui, il s’agit de Khalifa Al Subaiy, l’homme qui a apporté un soutien sonnant et trébuchant aux dirigeants d’Al-Qaïda, dont Khalid Sheikh Mohamed, considéré comme l’architecte du 11 septembre 2001. En 2008, le Trésor américain a placé, Al Subaiy, sur la liste noire des terroristes. La même année, il a été condamné par contumace au Bahreïn, il a ensuite été arrêté à Doha. Lors de son procès, il a déclaré qu’il « avait également travaillé avec des animateurs de premier plan pour Al-Qaïda afin de transporter des recrues extrémistes dans des camps d’entraînement d’Al-Qaïda au Pakistan. »

L’Emirat, si sévère lorsqu’il s’agit des mœurs, l’est beaucoup moins lorsque les faits concernent le terrorisme. Al Subaiy a donc été relâché après seulement six mois de prison ! Pour un banal adultère, le châtiment serait décuplé. Selon le WSJ, cette peine de six mois a été vivement critiquée par d’anciens représentants du Trésor américain pour sa légèreté.

Il est vrai que ce petit Etat gazier est très souvent accusé de soutenir les groupes terroristes. Tous les journalistes ou analystes du Proche et Moyen-Orient ont encore en mémoire cette incroyable épopée de 2015 où des membres de la noblesse qatarie étaient partis chasser l’outarde en territoire irakien et avaient été retenus en otages par des groupes armés chiites liés aux Iraniens. Résultat : pour obtenir la libération de ces chasseurs inconséquents, l’émir Al-Thani avec remis un milliard de dollars aux gardiens de la révolution !

Il n’est donc pas étonnant, que Khalifa Al Subaiy ait pu continuer ses activités comme si de rien n’était après 2008 et son placement sur la liste noire des USA. Mieux, depuis, il aurait également servi « d’ambassadeur » entre Al-Qaïda et des pays du Moyen-Orient, soutenant et les groupes armés terroristes en Syrie par là, tout en menant une vie de luxe à Doha.

Car, comme le rapporte la presse, Al Subayi semble vivre très confortablement. Il affiche ses plaisirs mondains et sa Lamborghini sur les réseaux sociaux. Ce qui laisse à penser que d’une part, il dépasse largement les 10 000 dollars par mois et d’autre part que contrairement aux exemptions accordées par l’ONU, cette somme ne répond pas à « ses besoins élémentaires ».

S’il est entendu que le Qatar ne montre aucune intention de mettre en place les sanctions onusiennes émises contre ses concitoyens, quid des mesures prises par les Nations Unies pour faire respecter les décisions du Conseil de sécurité ?

Selon les journalistes de l’Opinion, les procédures onusiennes sont peu et mal structurées et manque d’outils de contrôle, par conséquent il n’y a aucune vérification des dépenses. En outre, « des exemptions sont accordées à presque tous ceux qui en font la demande et ceci pour des montants dont l’importance est parfois perçue comme injustifiable. »

Autre problème et non des moindres, ce sont les Etats qui demandent les exemptions pour leurs concitoyens ciblés par ces mesures, donc le Qatar dans le cas d’Al Subaiy. En prime, la décision ne peut être rejetée que par un vote à l’unanimité des quinze membres du Conseil de sécurité, comme depuis 2011, ce dernier est bloqué par les dissensions de ces membres, aucune de ces demandes n’est rejetée. Pour preuve, selon les documents obtenus par le WSJ, sur 72 demandes de personnes figurant sur la liste noire, 71 ont été acceptées !

C’est ainsi que Khalifa Al Subaiy, peut continuer à utiliser ses comptes pour sa vie mondaine et ses activités illicites, avec le soutien du Qatar. Le directeur de l’ONG, Counter Extremism Project et ancien conseiller auprès du Conseil de sécurité a déclaré à propos d’Al-Subaiy « J’aurais du mal à trouver quelqu’un de plus chevronné que lui dans le domaine du financement du terrorisme ».

 

 

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