L’économie européenne risque une récession en raison de la guerre en Ukraine
Avec une croissance au ralenti et une inflation record, l’économie européenne, à peine remise des conséquences de la pandémie, subit de plein fouet le choc de la guerre en Ukraine et risque une récession dans les mois à venir.
Pour l’ensemble de l’Union européenne, le PIB a progressé de 0,4% au premier trimestre, après 0,5% sur les trois derniers mois de 2021.
Contrairement aux Etats-Unis, qui ont annoncé jeudi une contraction de l’activité au premier trimestre (-1,4%), l’Europe s’est maintenue en territoire positif.
Mais la croissance du Produit intérieur brut (PIB) de la zone euro a tout de même ralenti à 0,2% de janvier à mars, en baisse de 0,1 point par rapport aux trois mois précédents, tandis que l’inflation s’est établie au niveau record de 7,5% sur un an en avril pour les 19 pays partageant la monnaie unique, a annoncé Eurostat vendredi.
Globalement, « l’économie européenne a connu un trimestre agité, mais a réussi à maintenir une croissance légèrement positive, l’impact d’Omicron étant plus faible que prévu et la guerre en Ukraine ayant un impact croissant à partir de début mars », a résumé Bert Colijn, économiste pour la banque ING.
Aux effets encore présents de la pandémie de Covid-19 sur l’activité, notamment en raison du nouveau variant Omicron, « se sont ajoutés ceux provoqués par la crise internationale liée à l’invasion russe de l’Ukraine », a souligné l’Institut espagnol des statistiques (INE).
Le coup de frein a été très marqué en Espagne, qui a plafonné à 0,3% de croissance, contre 2,2% durant le dernier trimestre de l’an dernier. La flambée des prix du gaz et de l’électricité dans ce pays a été particulièrement violente et s’est traduite par une forte baisse de la consommation des ménages.
L’Allemagne, première économie européenne, a progressé de 0,2% au premier trimestre, échappant à une récession technique, après un recul du PIB de 0,3% en fin d’année. La France a stagné (0%) et l’Italie reculé (-0,2%).
« Les problèmes de chaîne d’approvisionnement ont repris en mars, entraînant des arrêts de production, ce qui a contribué au ralentissement », a-t-il constaté, en prévoyant déjà une contraction au deuxième trimestre et « des difficultés importantes » ces prochains mois.
Le FMI avait abaissé il y a dix jours sa prévision de croissance pour la zone euro, à 2,8% en 2022, contre 3,9% attendu jusque-là. La Commission européenne doit annoncer ses propres chiffres le 16 mai.
« Le PIB de la zone euro devrait se contracter au deuxième trimestre, car les retombées de la guerre en Ukraine et la flambée des prix de l’énergie pèsent de plus en plus sur les revenus des ménages et la confiance des consommateurs, tout en rendant la vie difficile aux industriels », estime aussi Andrew Kenningham, expert de Capital Economics.
Selon lui, les fabricants allemands seront « plus durement touchés » que ceux des autres pays européens, « mais la hausse des prix de l’énergie affectera toute la région, tout comme la baisse de la demande de produits à l’exportation et celle de la confiance des entreprises ».
Avec une inflation très au-dessus de son objectif de 2%, la Banque centrale européenne (BCE) « n’aura pas d’autre choix que de s’attaquer en priorité à la stabilité des prix » en augmentant ses taux d’intérêt, au risque de freiner la croissance, souligne Andrew Kenningham.
La hausse des prix de 7,5% sur un an en avril est la plus élevée enregistrée par l’office européen des statistiques depuis le début de cet indicateur, en janvier 1997. Elle a battu chaque mois un nouveau record depuis novembre.
L’inflation est avant tout tirée par les tarifs de l’énergie (+38%) qui ralentissent toutefois légèrement par rapport aux 44% de progression atteints en mars. Mais la flambée des prix s’accélère dans les autres secteurs: alimentation (+6,4%), industrie (+3,8%) et services (+3,3%).
par: Arab Observer