L’Egypte, l’Ethiopie et le Soudan s’accordent sur des points clés sur le barrage renaissance
L’Egypte, l’Ethiopie et le Soudan ont une nouvelle fois repoussé, à fin février, la conclusion d’un accord sur un immense barrage controversé sur le Nil bleu, mais Donald Trump a exprimé vendredi son «optimisme» après des avancées décisives lors des négociations organisées à Washington.
Réunis depuis mardi dans la capitale américaine, avec des représentants du Trésor américain et de la Banque mondiale, les ministres des Affaires étrangères et de l’Eau des trois pays «ont conclu un accord» préliminaire sur plusieurs points-clés, selon un communiqué commun.
Parmi ces compromis figure le calendrier du remplissage du réservoir de la future digue éthiopienne, appelée à devenir le plus grand barrage hydroélectrique d’Afrique.
Ils se sont aussi entendus sur des «mécanismes» pour «atténuer» les effets du remplissage du réservoir de 74 milliards de m3 d’eau puis de l’exploitation du Grand barrage éthiopien de la renaissance (Gerd) pendant les «périodes de sécheresse». Aucun détail sur ces décisions n’a toutefois été rendu public.
«Les ministres ont demandé aux équipes techniques et juridiques de préparer l’accord définitif», qui inclura les compromis déjà conclus, pour «une signature par les trois pays d’ici fin février», ont-ils affirmé dans le communiqué après quatre journées de négociations — deux de plus qu’initialement prévu.
Ils doivent d’ici là encore mettre au point un mécanisme pour gérer l’exploitation du barrage «dans de conditions hydrologiques normales», ainsi qu’un «mécanisme de coordination» et un dispositif «de résolution des différends».
Le ministre éthiopien de l’Eau Seleshi Awulachew a assuré sur Twitter que les travaux techniques reprendraient dès «la semaine prochaine».
Le Nil bleu prend sa source en Ethiopie, rejoint le Nil blanc à Khartoum pour former le Nil, qui traverse ensuite l’Egypte et se jette dans la Méditerranée.
Or depuis neuf ans, le Gerd alimente les tensions entre ces pays riverains.
Addis Abeba, qui a lancé les travaux en 2011, affirme que cette électricité est indispensable à son développement et affiche sa détermination. Son ambassadeur aux Etats-Unis Fitsum Arega a encore prévenu vendredi que son pays n’accepterait aucun accord qui ne reconnaisse pas son droit à utiliser l’eau du fleuve.
Il y a encore un an, l’organisation de prévention des conflits International Crisis Group prévenait que ces pays pourraient «être poussés à la guerre» faute d’accord. L’Egypte, en aval de la digue et dont les besoins en eau dépendent à 97% du Nil, voit en effet une «menace existentielle» dans tout ce qui menace de réduire le débit du fleuve.
Mais les négociations, longtemps au point mort, se sont accélérées ces derniers mois, même si la conclusion d’un accord, initialement escomptée mi-janvier à Washington, avait déjà été repoussée à cette semaine avant d’être encore retardée.
Le président des Etats-Unis, dont le pays joue les entremetteurs, a fait le point sur les négociations avec le Premier ministre éthiopien Abiy Ahmed lors d’une conversation téléphonique. Donald Trump a exprimé son «optimisme» sur la conclusion «proche» d’un «accord».
Longue de 1,8 km et haute de 145 m, la digue représente un projet gigantesque de quatre milliards de dollars censé, dans l’esprit des Ethiopiens, commencer à produire de l’électricité dès cette année pour être complétement opérationnel d’ici 2022. A terme, le barrage doit assurer une production de 6.000 mégawatts.
Dans leur communiqué de vendredi, les trois pays «reconnaissent les bénéfices régionaux importants qui découleront de cet accord et de l’exploitation du barrage».