L’enquête avec Ghannouchi remet le dossier du terrorisme au premier plan des événements en Tunisie
Le chef du parti d’inspiration islamiste Ennahdha, Rached Ghannouchi, et l’un de ses adjoints, l’ex-Premier ministre Ali Laarayedh, sont convoqués pour interrogatoire lundi par le pôle antiterroriste en Tunisie en lien avec l’envoi de tunisiens en Syrie et en Irak.
L’affaire dite de « l’expédition de jihadistes », qui fut au coeur du débat politique pendant des années, a refait surface ces dernières semaines en Tunisie où le président Kais Saied, dont Ennahdha est la bête noire, a considérablement renforcé sa tutelle sur la Justice après s’être arrogé les pleins pouvoirs en 2021.
M. Laarayedh, qui a brièvement occupé le poste de Premier ministre en 2014, s’est présenté dans la matinée dans les locaux du pôle antiterroriste, selon un correspondant sur place. M. Ghannouchi y est attendu à la mi-journée.
Après la chute de la dictature de Zine el Abidine Ben Ali en 2011, des milliers de Tunisiens avaient rejoint les rangs d’organisations jihadistes, notamment le groupe Etat islamique (EI), en Irak, en Syrie et en Libye.
Le parti Ennahdha, pilier des gouvernements qui se sont succédé au pouvoir depuis 2011, est soupçonné par ses détracteurs et une partie de la classe politique d’avoir facilité le départ de ces jihadistes vers les zones de conflit, ce que le mouvement dément catégoriquement.
M. Saied avait alors limogé le gouvernement et dissous le Parlement dominé par Ennahdha avant de faire adopter en juillet dernier lors d’un référendum largement boycotté par la population une nouvelle Constitution instaurant un système hyperprésidentiel qualifié d’autocratique par l’opposition.
M. Ghannouchi, 81 ans, qui dirigeait le Parlement dissous par M. Saied, avait déjà été interrogé en juillet par le pôle antiterroriste dans le cadre d’une enquête pour des soupçons de corruption et blanchiment d’argent liés à des transferts depuis l’étranger vers une organisation caritative affiliée à Ennahdha.
Ennahdha a mis en garde dans un communiqué publié dimanche contre les « tentatives du pouvoir putschiste d’instrumentaliser la justice pour ternir ses opposants et les impliquer dans des affaires fabriquées ».
Il a affirmé que l’audition de ses dirigeants était « une diversion visant à détourner l’opinion publique des préoccupations économiques et sociales et de la dégradation des conditions de vie ».
Des sources bien informées ont indiqué que certaines parties internationales tentent de faire pression sur la Tunisie au sujet de la comparution de Ghannouchi devant la justice, et qu’elles cherchent à protéger Ghannouchi, selon les mêmes sources.En même temps, Ennahdha nie les accusations, et affirme qu’elles s’inscrivent dans le cadre d’un règlement scores politiques.
Les autorités tunisiennes ont arrêté le chef du Parti de la coalition Al Karama, Muhammad Al-Afas, l’ancien député du parlement dissous, Reda Al-Jawadi, et l’homme d’affaires, Muhammad Farikha, qui possède une compagnie aérienne, en plus de garder Fathi Al -Baladi et Abdul Karim Al-Obeidi, tous deux issus des responsables de la sécurité tunisiens, selon Asharq Al-Awsat.
par: Arab Observer