Les autorités turques intensifient leur répression contre les manifestations suite à l’arrestation du maire d’Istanbul

Les autorités turques accentuent la répression pour tenter d’éteindre la contestation déclenchée le 19 mars par l’incarcération du maire d’Istanbul, Ekrem Imamoglu, procédant à des centaines d’arrestations de manifestants, de journalistes et d’avocats.

Vendredi, M. Imamoglu, principal rival du président Recep Tayyip Erdogan, a annoncé l’arrestation de son principal avocat, remis en liberté plus tard dans la journée sous contrôle judiciaire.

Comme si la tentative de coup d’État contre la démocratie ne suffisait pas, ils ne peuvent tolérer que les victimes de ce coup d’État se défendent, a-t-il ajouté.

Le syndicat des journalistes (TGS) a annoncé de son côté l’arrestation à l’aube de deux reporters de médias de gauche critiques du pouvoir, confronté à une contestation inédite depuis le grand mouvement de Gezi en 2013, parti de la place Taksim d’Istanbul.

Laissez les journalistes faire leur travail. Arrêtez ces détentions illégales, s’est insurgé le syndicat.

Un journaliste suédois, Joakim Medin, arrêté jeudi à son arrivée en Turquie où il devait couvrir les manifestations secouant le pays, a été placé en détention, a indiqué le rédacteur en chef de son journal Dagens UTC, Andreas Gustavsson, vendredi soir à l’AFP.

Le gouvernement turc a annoncé jeudi près de 2000 arrestations depuis le 19 mars, lors de manifestations interdites par les autorités. Parmi les personnes arrêtées, 260 avaient été incarcérées jeudi, selon le ministère de l’Intérieur.

Une femme tente d’échapper à des policiers en civil lors d’une manifestation contre l’arrestation du maire d’Istanbul Ekrem Imamoglu, le 27 mars 2025 à Istanbul.

De très nombreux manifestants, jeunes en majorité, ont été interpellés chez eux ou lors des rassemblements et envoyés en prison, selon des avocats.

Selon le barreau d’Istanbul, 20 mineurs ont été arrêtés entre le 22 et le 25 mars, dont sept étaient toujours détenus vendredi.

Des députés du Parti républicain du peuple (CHP, social-démocrate), principale force de l’opposition à laquelle appartient le maire emprisonné d’Istanbul, ont fait état de témoignages de jeunes et de mineurs affirmant avoir été maltraités par la police.

Malgré tout, des étudiants se sont encore mobilisés vendredi à Ankara, lors d’un rassemblement dans un grand parc de la capitale, selon des images de médias turcs.

À Istanbul, la police, qui encercle les manifestants et les filme, a exigé lors de plusieurs rassemblements ces derniers jours de voir leurs visages pour les laisser passer, a constaté l’AFP.

Plusieurs manifestants, qui dissimulaient leurs visages de peur d’être identifiés par la police, ont été embarqués devant les journalistes.

Face à la réponse policière, des groupes d’étudiants maintiennent leurs appels au boycottage des cours, parfois sous la menace d’être expulsés par leur établissement.

Le ministre de la Justice Yilmaz Tunç a justifié la vague d’arrestations par la violence dont ont fait preuve, selon lui, les personnes arrêtées.

Dans l’enquête pour corruption qui vaut au maire et à plusieurs dizaines d’autres personnes d’être emprisonnées, le président Recep Tayyip Erdogan a annoncé que d’autres gros radis allaient sortir du sac, laissant présager de nouvelles enquêtes et de nouvelles arrestations.

Mais les autorités ciblent toutes les voix qu’elles jugent critiques : le Haut conseil turc de l’audiovisuel a imposé jeudi dix jours d’interruption de programmes à Sözcü TV, une chaîne proche de l’opposition, pour « incitation à la haine et à l’hostilité », annonçant en avoir sanctionné trois autres.

Les autorités ont également expulsé jeudi un journaliste de la BBC, Mark Lowen, venu couvrir les manifestations dans le pays.

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