Les bombardements sur la province syrienne d’Idleb au menu de la rencontre Macron-Poutine
L’intense campagne de bombardements sur la province syrienne d’Idleb, la dernière aux mains des insurgés, sera évoquée lors de la rencontre lundi entre les présidents Emmanuel Macron et russe Vladimir Poutine.
La Syrie, où la Russie joue un rôle crucial, sera l’un des dossiers chauds au centre des discussions entre le président français Emmanuel Macron et son homologue russe Vladimir Poutine, invité lundi 19 août au fort de Brégançon (Var), résidence estivale des chefs de l’État de la Ve République.
La diplomatie française a appelé vendredi à la cessation immédiate des hostilités dans la province d’Idleb, dans le nord-ouest syrien, cible de bombardements quasi quotidiens du régime de Damas et de son allié russe. Paris a condamné « en particulier » la poursuite des frappes aériennes contre ce dernier bastion des insurgés.
Depuis fin avril, les troupes du président Bachar al-Assad ont intensifié leurs bombardements sur la région, dominée en grande partie par des rebelles et des jihadistes, notamment le groupe Hayat Tahrir al-Cham (ancien Front al-Nosra et ex-branche syrienne d’Al-Qaïda). Plus de 860 civils ont péri dans ces frappes, d’après l’Observatoire syrien des droits de l’Homme (OSDH), tandis que plus de 400 000 personnes ont été déplacées, selon l’ONU. En juin, le secrétaire général de l’ONU, Antonio Guterres, avait qualifié la situation dans la région de « catastrophe humanitaire ».
Sur la Syrie, le président français va demander à son homologue russe « d’user de son influence » sur ses alliés, selon l’Élysée. La France juge « très préoccupante » la situation dans la province d’Idleb, où le régime est à l’offensive avec l’aviation russe. « Nous avons un message très simple aux Russes : ‘exercez votre influence auprès de Damas pour que cette opération cesse’ », indique Paris, qui craint à la fois un exode massif et la dispersion de groupes jihadistes dangereux.
« Emmanuel Macron fera part au président russe de sa préoccupation, a encore précisé un diplomate français au Journal du Dimanche. Nous sommes très clairs : le risque sécuritaire et humanitaire est extrêmement lourd, y compris le risque chimique, sur lequel la ligne rouge sera rappelée et maintenue. »
« Un nouveau sommet quadripartite (Russie-France-Allemagne-Turquie) sera peut-être évoqué » sur ce sujet, a simplement indiqué de son côté le Kremlin.
L’armée syrienne à un kilomètre de la ville de Khan Cheikhoun
Sur le terrain, des frappes aériennes ont fait une vingtaine de morts au cours des deux derniers jours dans des secteurs de la province, ont rapporté samedi l’OSDH et des militants locaux. Dans le village de Deïr Charki, un raid aérien a fait sept morts, dont 3 enfants selon l’agence AP, samedi dans la matinée. La veille, d’autres frappes aériennes contre le village d’Al Haas avaient fait 13 morts.
Cité par l’agence Reuters, Ahmad al Dbis, directeur de la sécurité de l’Union des organisations de secours et soins médicaux (UOSSM), basée aux États-Unis et soutenant des établissements de soins dans le nord-ouest de la Syrie, a affirmé que les bombardements touchaient désormais des zones peuplées où ne se trouve aucune position militaire.
Appuyées par l’aviation russe, les forces syriennes ont continué leur progression en direction de la ville de Khan Cheikhoun, située sur l’autoroute qui traverse Idleb et relie Damas à Alep (nord), toutes deux contrôlées par le régime. Elles se trouvent désormais à un kilomètre à l’ouest de la ville, après avoir pris le contrôle de plusieurs villages environnants ces derniers jours, a indiqué l’OSDH.
L’armée a notamment repris dimanche le village de Tell al-Nar au nord-ouest de Khan Cheikhoun et s’est rapprochée de l’autoroute en question, a indiqué la même source. Au moins 26 rebelles et jihadistes et 11 membres des forces prorégime ont été tués dans des affrontements dans la nuit de samedi à dimanche, selon l’OSDH.
Un accord avait été conclu en septembre 2018 entre la Russie et la Turquie, soutien de certains groupes rebelles, visant à éviter à Idleb une offensive d’envergure des forces loyales à Damas. L’accord prévoyait une « zone démilitarisée » pour séparer les territoires tenus par les jihadistes et les rebelles des zones gouvernementales. Mais celui-ci n’a été que partiellement appliqué, les jihadistes ayant refusé de se retirer.